Il arrive parfois que ce sont mes lecteurs qui dénichent les informations les plus frappantes, les plus propices à illustrer et faire comprendre la dynamique linguistique qui règne dans la province de Québec. Il s’agit cette fois-ci d’une offre d’emploi toute simple. Une offre d’emploi du « Champlain College Saint-Lambert », situé sur la rive-sud de Montréal.
On cherche à y recruter un psychologue pour répondre aux besoins en santé mentale d’un corps étudiant « diverse » et « multicultural » d’environ 3000 élèves. On précise même que l’approche préconisée par l’équipe de psychologie est « client-centred » et « culturally-sensitive ».
Excellent, admirable.
Ah! Un détail : la connaissance du français n’est nullement requise pour ce poste.
Voici l’offre :

Le français n’est pas requis pour le poste car manifestement la seule langue utilisée et imposée aux clients par l’équipe « culturally-sensitive » de psychologie est l’anglais.
Il faut noter que le Champlain College Saint-Lambert est à 21,2% anglophone (langue maternelle), 21,3% allophone et 57,5% francophone. La majorité des élèves, qui est francophone, n’a nullement droit à des services en santé mentale dans sa langue maternelle. Au Québec même. Dans une institution financée par le gouvernement du Québec! Dans les cégeps anglais, la minorité impose sa langue à la majorité.
Il s’agit d’une illustration spectaculaire de l’effet doublement anglicisant des cégeps anglais, qui anglicisent à la fois les futurs travailleurs et aussi le personnel qui y travaille. Les employés s’y voient forcés de travailler uniquement en anglais au Québec, malgré le droit (théorique) de travailler en français, droit « garanti » par la Charte de la langue française.
Qui plus est, l’équipe de psychologues du Champlain College travaille uniquement en anglais (manifestement) alors que l’Ordre des psychologues du Québec stipule pourtant qu’une « connaissance appropriée de la langue française » est nécessaire pour obtenir le permis d’exercice. Notons cependant que trois années d’études à temps plein au niveau secondaire en français ou un certificat d’études secondaires du Québec sont réputées « suffisantes » pour exercer la profession de psychologue.
Quand on sait à quel point les anglophones, détenteurs de diplômes d’études secondaires du Québec, ne maitrisent nullement le français, au point où l’imposition de trois petits cours en français dans les cégeps anglais a manqué conduire à une « crise sociale » étant donné que 70% des élèves sortant des écoles anglaises n’ont pas une connaissance appropriée du français, on comprend que tout ce système de preuve de « connaissance appropriée du français » auquel se fie les ordres professionnels est en fait une vaste blague. A nos dépens.
Le financement public du « libre-choix » de la langue d’enseignement au postsecondaire vient donc mettre en échec le Charte de la langue française.
La loi 101 au cégep est urgente. Accompagnée d’une sérieuse mise à niveau du français des anglophones à tous les cycles scolaires. Sans ces deux choses, le concept de « français, langue commune » restera un tigre de papier.