Dans un texte de La Presse du 28 avril 2022, l’on apprend que le gouvernement caquiste s’active en coulisses, pendant que l’on discute fort de la loi 101 au cégep et du projet de loi 96, afin de « bonifier » l’enseignement de l’anglais au primaire en mettant en place un programme d’anglais « enrichi » mieux structuré, et, peut-on comprendre, disponible partout.
L’obsession du gouvernement du Québec pour l’anglais depuis 20 ans a quelque chose de désespérant. Ce fut d’abord l’anglais en troisième année du primaire, l’anglais en première année, l’anglais intensif en sixième année du primaire et maintenant, l’anglais « enrichi ». Pour l’anglais, le gouvernement du Québec est aux petits soins, ne ménage pas ses efforts et son argent et il n’y en a jamais assez, semble-t-il.
Pendant ce temps, les signaux d’alarme se multiplient à l’effet que le Québec français est en train de basculer carrément vers l’assimilation collective. J’ai écrit à ce sujet dans mon livre « Un libre-Choix » : alors que le bilinguisme des jeunes francophones est en hausse constante et atteint des niveaux stratosphériques, l’on constate que, sous la pression de l’univers numérique anglicisant, le profil de consommation culturel des jeunes francophones ressemble de plus en plus à celui des jeunes anglophones. Une acculturation est en cours, acculturation qui est la première étape de l’assimilation linguistique. Les signes de ceci sont légion.
Les professeurs qui se mobilisent actuellement en faveur de loi 101 au cégep- et qui sont ignorés par le gouvernement caquiste- nous avertissent que l’anglais des jeunes est si pétant de santé que l’on entend maintenant des jeunes francophones échanger entre eux en anglais dans les corridors des cégeps français et que certains l’utilisent même pour s’adresser aux professeurs. Dans les écoles françaises de Québec (!), l’anglais est en train de devenir la langue commune pour certains élèves.
Ceci est le résultat d’une survalorisation de l’anglais dès le primaire dans le réseau d’éducation québécois, combiné à l’immersion anglaise permanente offerte par l’univers numérique.
Pendant ce temps, les événements des derniers mois nous ont appris que le bilinguisme des jeunes anglophones, qui nous est vanté depuis des décennies, est un mythe; l’immense majorité des jeunes scolarisés en anglais serait en échec si des cours en français leurs étaient imposés. Pourtant, le ministre de l’éducation disait encore en janvier passé que le problème, c’était le niveau d’anglais des jeunes francophones et, qu’au lieu d’étendre la loi 101 au cégep, il fallait bonifier l’anglais au primaire dans les écoles françaises!
Aujourd’hui, dans un autre texte du Journal de Montréal, l’on apprend que le ministre responsable de la langue française affirme qu’il faut « bonifier » le français des jeunes anglophones, mais que le ministre de l’éducation ne semble pas être d’accord. M. Jolin-Barrette rame à contre-courant dans un gouvernement obnubilé par l’anglais.
Ce dernier est traité comme s’il était la langue première.
Disons-le : le vrai problème au Québec, c’est la connaissance et l’usage du français. Pas autre chose.