Un jovialisme sans nuances II

On dirait que Jean-Benoit Nadeau a juré de me faire passer mes fins de semaine à réfuter un texte bancal après l’autre:

https://lactualite.com/…/pour-en-finir-encore-plus…/


En rafale:


1) « approche ethnicisante »: Nadeau avait déjà employée à mon égard cette pitoyable accusation (à mots couverts) de « racisme » parce que la thèse de mon livre « Pourquoi la loi 101 est un échec » heurtait de front ses idées préconçues (et son gagne-pain, le jovialisme linguistique étant le créneau porteur lui permettant de vendre des textes). Voici ce que le lui avais répondu à l’époque (https://lactualite.com/tribune/oui-la-loi-101-est-un-echec/):
« Il m’accuse ensuite de tenir un discours « identitaire » et d’avoir du mal à accepter que le Québec devienne « pluriculturel » et affirme même que « ça revient partout » et que je souffre de « frilosité identitaire ». Disons-le : n’arrivant pas à réfuter mes idées de façon convaincante, M. Nadeau en est réduit à m’accuser à mots couverts de « racisme ». Voilà qui est odieux.
Non, M. Nadeau, des gros mots ne constituent pas une réfutation de mon essai. Il s’agit même d’un aveu d’échec. De votre part. »


2) Nadeau cite encore Veltman pour s’appuyer. Je pense que l’analyse de Veltman n’a aucun fondement solide et qu’elle est réfutée depuis longtemps.
https://fredericlacroix.quebec/…/un-jovialisme-sans…/


3) Jean-Pierre Corbeil avance ceci, mais sans citer de chiffres! « Mais ce qu’il y a de remarquable, entre les sondages de 2006 et celui de 2016, c’est une forte augmentation de l’usage du français chez eux » (les allophones ayant le français comme langue de travail).
Comment dire? Les données prouvant le statut désavantageux du français au travail pleuvent! Par exemple: « Au recensement de 2011, le Québec comptait 200 000 immigrants qui ne pouvaient soutenir une conversation en français. De ceux-là, 80 % ont affirmé savoir parler l’anglais. De toute évidence, pour bon nombre d’immigrants il n’est pas nécessaire de connaître le français. L’anglais leur suffit. »
https://lautjournal.info/…/quand-levera-t-lomerta-sur…
https://lautjournal.info/20200612/la-langue-de-la-piasse


4) « Le Québec représente 40 % des exportations canadiennes de services. En soi, c’est un succès, mais ça fait que l’anglais va forcément être davantage exigé comme critère d’embauche. Et effectivement, les statistiques montrent que moins de gens travaillent uniquement en français. Mais moins de gens travaillent uniquement en anglais aussi. Et c’est peut-être normal dans le contexte d’un Québec qui est une locomotive dans l’exportation de services au Canada. »
Encore faux! Une étude de l’OQLF de 2020 a prouvé que si l’anglais est exigé à l’embauche à Montréal, c’est la plupart du temps pour des fins de « communication interne », c’est-à-dire pour accommoder les unilingues anglophones sortant de Dawson, McGill et Concordia.
https://www.oqlf.gouv.qc.ca/…/rapport-methodologique…


5) Le « faux » problème du postsecondaire (selon Corbeil): « Mais l’étude nuance aussi ses conclusions en précisant que seulement 5% des francophones et 33% des allophones du Québec avaient obtenu leur dernier diplôme d’une institution anglophone. Si on se rappelle que les allophones forment 14% de la population québécoise, on parle encore ici d’environ 5% de la population. Et c’est à l’intérieur de ces deux tranches relativement petites que porte l’étude en question. »
Corbeil utilise des pourcentages relatifs pour minimiser le problème. 5% des francophones, c’est beaucoup, beaucoup de monde! Et ce nombre grossit rapidement. 33% des allophones (il oublie de mentionner les diplômés des institutions bilingues, ce qui monte de chiffre à 38%), c’est immense quand on sait que cette population est en croissance rapide et que son orientation linguistique va déterminer l’avenir du Québec!


6) « En réalité, c’est le contraire qui se passe. Les allophones s’orientent très largement vers le français parce que la loi 101 a fait du français la langue publique. L’école fonctionne, la loi fonctionne, et deux ans de cégeps en anglais ne font pas beaucoup de différence sur l’orientation linguistique, qui est résolument vers le français. »
Une affirmation totalement gratuite qui est contredite à la fois par l’IRFA et par Statistique Canada.
https://www.irfa.ca/…/2020/02/Rapport_CSQ_012011.pdf
https://fredericlacroix.quebec/…/etudier-en-anglais…/