Les nationalistes Québécois ont-ils vraiment voté massivement pour le PLC?

Depuis les résultats de lundi dernier, les savantes analyses affirmant que les nationalistes Québécois auraient massivement voté pour Mark Carney se succèdent. Sont-elles justes?

On sait que le vote au Québec est profondément structuré par la culture et la langue.

Ainsi, selon Léger, les anglophones (langue maternelle) appuyaient le PLC à hauteur de 65% au Québec (contre 6% seulement pour le Bloc) tandis que les francophones appuyaient le Bloc à hauteur de 33% (34% pour le PLC) et les allophones appuyaient le PLC à 70% (vs 0% (!) pour le Bloc). Si les francophones répartissent leurs votes entre plusieurs partis de façon à peu près pondéré, le vote anglophone et immigrant se reporte massivement, de façon quasi-soviétique, sur le PLC.

Selon une enquête Nanos effectuée en avril 2025, le Bloc Québécois obtient 4 fois MOINS d’appuis chez les immigrants de 2ème génération nés au Canada que chez les immigrants de 1ère génération nés au Canada (2,5% vs 0,6%) et 4 fois MOINS d’appuis chez les immigrants 1ère génération nés au Canada vs les natifs (9,5% vs 2,5%). Chez les immigrants nés à l’étranger, le Bloc Québécois obtient même 0% des intentions de vote! C’est le plus gros décalage entre les intentions de votes des immigrants et celui des natifs de tous les partis au Canada, et de loin.

On peut donc penser que la hausse effrénée de la proportion d’immigrants dans la population du Québec depuis des années a des impacts grandissants sur les résultats électoraux. Pour le savoir hors de tout doute, il faudrait faire une étude minutieuse de toutes les circonscriptions (appel à tous!).

Mais penchons-nous, pour fins pédagogiques, sur Longueuil-Saint-Hubert, l’ex-circonscription du bloquiste défait Denis Trudel.

En 2021, selon Élections Canada, le Bloc Québécois a obtenu 23 579 votes dans Longueuil-Saint-Hubert et 23 468 en 2025, un résultat quasi constant. Le PLC, quant à lui est passé de 21 930 votes à 24 237 (gain +2 307). Le nombre de bulletins valide en 2021 était de 58 379 et de 60 310 en 2025 (gain de 1 931). La population de Longueuil a crû de 12 546 sur la période 2021-2024.

A noter cependant qu’en 2022, cette circonscription a été redécoupée, ce qui a certainement eu des incidences (inconnues pour l’instant) sur la composition ethno-linguistique de celle-ci et toute comparaison entre 2021 et 2025 est donc à prendre avec des pincettes. Il faudrait reconstruire les résultats 2021 avec la circonscription 2025 pour faire une comparaison exacte (un travail de moine).

On peut penser, cependant, que la variation d’électeurs de 1 931 de 2021 à 2025 provient, en bonne partie étant donné les mouvements de population durant cette période, de l’immigration et, selon Nanos, ce bloc d’électeurs a fort probablement exprimé son vote non pas en faveur du Bloc mais du PLC. Il aurait donc suffi d’un combinaison du nouveau vote immigrant et d’un report de 376 votes francophones vers le PLC pour expliquer la défaite de M. Trudel.

Dans cette circonscription qui subit l’immigration massive depuis des années, la défaite du Bloc s’explique donc fort probablement, simplement, à 85% environ, par le vote des immigrants.

Si ce résultat tient pour l’ensemble du Québec, alors l’immigration massive nous conduit rapidement vers une extinction électorale du nationalisme Québecois.

L’étrange suicide de l’Europe

Recension de lecture. « L’étrange suicide de l’Europe » de Douglas Murray

Je n’avais jamais lu Douglas Murray, écrivain et intellectuel britannique de son état, connu pour de multiples livres et interventions médiatiques. J’ai donc corrigé cette lacune et lu « L’étrange suicide de l’Europe : Immigration, identité, islam », paru en 2017.

Un livre de plus de 500 pages qui fournit un tour d’horizon encyclopédique de la question de l’immigration en Europe, partant des débuts de l’immigration de masse suite au boom économique des « trente glorieuses » de l’après-guerre où s’est fait sentir un besoin de main-d’œuvre pour nourrir la machine de production alors en plein essor en passant par la « crise des migrants » et l’ouverture des portes de l’Allemagne par Angela Merkel à un million de réfugiés de 2015-2016, ouverture qui a conduit à ce que l’Aternative fur Deutschland (AFD) un parti antisystème qui souhaite sortir l’Allemagne de l’Union Européenne et réduire drastiquement l’immigration, soit aujourd’hui en tête des intentions de vote dans ce pays. Partout en Europe, la question de l’immigration, refoulée aux marges pendant des décennies, ressurgit et bouleverse l’échiquier politique.

Murray démontre brillamment à quel point la question de l’immigration n’a jamais été réfléchie sérieusement par l’ensemble des élites politiques européennes. Ainsi, le début de l’immigration de masse était vu comme une solution « temporaire » à la pénurie de main-d’œuvre des années soixante. Mais, évidemment, les immigrants « temporaires » sont restés, ont fait venir leurs femmes, ont eu des enfants, ont fait souche dans le pays et sont devenus de plus en plus nombreux. Le flux d’immigrants, attirés par la qualité de vie de l’Europe (plus que par sa culture) a augmenté d’une année à l’autre et d’une décennie à l’autre, tel un schème de Ponzi inarrêtable. A chaque étape, la perspective court terme a dominé; aucun politique n’a pensé aux conséquences à long terme de faire venir des population aux mœurs différentes, et pour certaines, provenant de cultures totalement incompatibles avec celles de l’Europe. Les politiciens élus pour quelques années et ne pensant qu’à leur réélection prochaine ont évacué toute pensée long terme et ont ainsi entrainé l’Europe dans la catastrophe actuelle. On touche là à une faiblesse fondamentale -peut-être fatale- de la démocratie libérale.

Murray parle des quelques lanceurs d’alertes, tel le député anglais Enoch Powell, qui a eu le malheur de réfléchir à la question de l’immigration et qui a tiré les conséquences logiques des évènements qu’il voyait se dérouler sous ses yeux. Powell a averti que l’immigration de masse, si elle continuait, allait changer la société anglaise de façon profonde et non souhaitée. La parole de Powell a résonnée dans le peuple Anglais : les sondages de l’époque indiquaient déjà que de plus de 60% de la population était hostile à l’immigration de masse, soit environ le même niveau qu’aujourd’hui. Cela fait donc presque soixante ans que le peuple Anglais s’oppose à l’immigration massive et cela fait soixante ans que les élites politiques ignorent totalement le peuple et que l’immigration augmente d’une année à l’autre et d’une décennie à l’autre, peu importe que le gouvernement soit « Labor » ou « Conservative ». En immigration, la trahison des élites européennes est totale et dure depuis des décennies.

Le parallèle à faire avec notre situation est frappant : la CAQ s’est fait élire largement sur une promesse de réduction de l’immigration et on se retrouve pourtant, 7 ans plus tard, avec des niveaux d’immigration qui fracassent tous les records historiques malgré l’opposition de la population à la chose. Ce qui est à souligner également, c’est à quel point le Canada suit le script Britannique à la lettre avec quelques années de retard seulement : ainsi, Murray écrit qu’en Angleterre, en 2014, 37% des nouveau-nés avaient au moins un parent né à l’étranger et que 27% en avaient deux; un niveau que le Québec a atteint, grosso modo, en 2023. On peut parier que M. Carney, qui a passé beaucoup de temps en Angleterre, va nous servir les mêmes potions que l’élite anglaise a dispensée à son peuple.

Pour revenir à Powell : celui-ci a été complètement écrasé politiquement par l’élite en place, qui refusait d’admettre qu’elle ait pu commettre une erreur, a été calomnié, accusé de racisme, sa carrière a été détruite et il a sombré dans l’oubli. Le prix à payer pour s’opposer à l’immigration de masse était (et est) immense. Tous les opposants potentiels ont compris le message et se sont tus. C’est ainsi qu’en immigration, la censure, le mensonge et le double discours sont devenus dominants; dans les décennies suivantes, les hommes et femmes politiques qui avaient des doutes sur la politique d’immigration se turent. Cela a permis aux choses de continuer.

Le refus absolu de la classe politique d’admettre ses erreurs a mené à la fuite dans l’idéologie de la « diversité » et du « multiculturalisme », le déni de la réalité et une vision du monde niant les profondes différences culturelles qui peuvent exister entre les peuples. Différences parfois irréconciliables comme on le voit avec la question de l’islam qui est en train de fissurer à peu près toutes les sociétés occidentales, la solution pour « vivre ensemble » sans soumission avec une religion aux visées souvent totalitaires et hégémoniques n’ayant été trouvée par personne.

Murray, et c’est sa force, ne s’interdit d’examiner aucune question et enfreint les tabous : les gangs musulmans au Royaume-Uni organisant le viol de jeunes filles blanches, non musulmanes et considérées en conséquence comme des sous-humaines, l’explosion des viols en Suède suite à l’ouverture des vannes de l’immigration au début des années 2000, le nihilisme et le mépris pour la culture européenne enrayant l’intégration et créant un appel d’air, la laïcité en tant qu’héritage profondément catholique et impensable dans la culture islamique, la démographie qui fera en sorte que les peuple européens deviendront minoritaires dans leurs propres pays au cours des décennies à venir et que ces peuples (mais pas les autres peuples!) seront donc privés à jamais d’un « chez eux », la haine de l’Occident qui est à la base du « multiculturalisme » où la seule culture qui n’a aucune valeur et qui doit disparaitre est la nôtre, etc.

Le tour d’horizon de Murray est complet. Et s’il aborde les questions qui choquent, avec une liberté de parole quasiment impensable au Canada et au Québec, c’est toujours avec nuance et appuyé par des témoignages de première main, du travail de terrain et par une abondante documentation.

Un livre époustouflant dont on ressort convaincu d’une chose : soit les peuples occidentaux vont bientôt réussir à reprendre le contrôle démocratique de la question de l’immigration, soit ils vont disparaitre. Et va disparaitre avec eux la culture européenne et occidentale, seul héritage encore vivace de l’esprit grec et romain qui a apporté au monde, entre autres bagatelles, la science, l’égalité de tous devant la loi, les droits de l’homme, l’égalité homme-femme, la fin de l’esclavage, la séparation du temporel et du spirituel, etc. Un héritage culturel, donc, dont on n’a pas à avoir honte et que l’on pourrait choisir de porter bien haut.

La question de l’immigration est à mon avis LA question la plus importante pour les prochaines années, celle dont dépend toutes les autres. Ce livre est donc à lire absolument.

Un gouvernement des juges de plus en plus autoritaire

L’on m’a reproché, dernièrement, d’avoir utilisé dans un texte l’expression « autoritarisme judiciaire » pour dénoncer le fait que des juges, profitant de la Charte canadienne des droits et libertés de 1982, qui les place en surplomb au-dessus du Parlement, de l’Assemblée nationale et du peuple, en menaient large, très large.

L’on en a pourtant eu, coup sur coup, deux exemples très parlants cette semaine : premièrement une décision du juge Éric Dufour (nommé par Justin Trudeau) qui fait tomber à la fois la hausse des frais de scolarité et l’exigence de cours de français pour les Canadiens non-résidents étudiants à McGill et Concordia et, deuxièmement, une décision du juge Andres C. Garin (nommé par Justin Trudeau) imposant au Québec de reconnaitre la « polyfiliation », c’est-à-dire le concept qu’un enfant pourrait avoir plus de deux parents.

D’un côté, un juge décide unilatéralement que Québec n’a pas le pouvoir de déterminer sa grille tarifaire pour ses universités et que nous devons collectivement continuer à financer les Canadiens qui viennent étudier en anglais à McGill et Concordia, ce qui nous coûte la bagatelle de 200 millions par année (en plus d’angliciser Montréal à tour de bras) et de l’autre, un juge dynamite les bases anthropologiques séculaires de notre civilisation en introduisant le concept déjanté de « pluriparentalité » -pourtant écarté par Québec- dans notre Code civil.

Ces décisions nous sont imposées par le haut, sans débat, par une caste juridique nommée par Ottawa. Des juges, pris d’hubris, s’imaginent que le droit peut créer la réalité et qu’il suffit de décréter qu’un enfant peut avoir trois parents pour que cela soit. Il est aussi remarquable de noter que dans ce jugement, les intérêts de l’enfant sont totalement escamotés. Mais la réalité et la biologie se fichent du droit. Comme le disait Roger Scruton, les « traditions sont des solutions à des problèmes dont on a oublié l’existence. Mais si on retire la solution, le problème va réapparaitre ».

Avec ces décisions lunaires, ces juges sont en train de dynamiter leur légitimité, base de leur autorité. La Charte canadienne (imposée illégitimement en 1982, rappelons-le) se voulait un « contrepouvoir » face à la menace (imaginaire selon moi) d’une « dictature de la majorité ».

Mais force est de constater qu’il n’existe pas de « contrepouvoir » au pouvoir des juges, pouvoir qui semble être devenu absolu et qui nous dépossède.

Montée du « masculinisme » dans les écoles?

« Montée du discours masculiniste chez les ados » titrait le Journal de Québec le 2 avril 2025 en citant une étude provenant de la « Chaire de recherche du Canada en prévention de la radicalisation violente » à McGill University. Selon cet article, il « se passe quelque chose » dans les écoles et « des experts et profs constatent que la montée des discours masculinistes chez les ados est « un phénomène bien réel » dans plusieurs écoles secondaires du Québec ».

Comme je suis friand de toute donnée qui pourrait nous aider à comprendre mieux ce qui se passe dans nos écoles, je suis allé lire l’étude en question. Les deux études en fait, car le rapport de recherche cité dans l’article « La polarisation sociale dans les écoles secondaires : comment promouvoir le bien-être et réduire la violence chez les adolescent.e.s » publiée en octobre 2024, était précédé d’un autre rapport publié en septembre 2023. 

Mais la lecture de ces rapports de recherche a soulevé en moi plus de questions que de réponses n’ont été fournies. La validité des résultats présentés par toute étude de type « épidémiologique », où l’on cherche à mesurer des variables diffuses ou subjectives dépend entièrement de la rigueur de la méthodologie (échantillonnage, puissance statistique, validité du questionnaire, etc.) employée. Des études -reposant sur des associations statistiques- rapportant des résultats erronés sont monnaie courante en sciences biomédicales, par exemple, au point où la chose a été étudiée. Par exemple, John P.A. Ioannidis a publié en 2005 un article ayant eu un certain retentissement où il arguait que la « majorité » des études scientifiques étaient tout simplement, pour raisons de vices méthodologiques, fausses. Si ce papier a suscité un débat musclé, il est accepté qu’une proportion non négligeable (de 14 à 50%?) des études biomédicales sont erronées. Est-ce le cas de ces deux rapports de recherche? Impossible de le savoir, mais certains éléments laissent songeur.

Échantillon statistique

Par exemple, l’échantillon statistique utilisé est constitué d’élèves de 6 écoles montréalaises, autant francophones qu’anglophones. La moitié des élèves de l’échantillon provenaient d’écoles anglaises. Quel est le biais introduit par le fait de choisir la moitié d’élèves provenant d’écoles anglaises, soit d’écoles n’ayant pas du tout le même profil de clientèle que les écoles françaises? On ne le sait pas. Mais cet échantillon n’est guère représentatif de la moyenne des élèves québécois, ou même montréalais. L’échantillon, cependant, me semble assez volumineux pour offrir une puissance statistique intéressante (1183 élèves).

Questionnaires

Ces études tentent, à l’aide de questionnaires distribués aux élèves, de mesurer simultanément un grand nombre de variables relevant des attitudes liées à la violence, à l’extrême-droite, au climat en classe, à l’environnement, au masculinisme, au mouvement LGBTQ+ (qui inclut autant l’homosexualité que la question trans) ainsi que l’attitude à l’égard des « conflits dans le monde ». Cela fait beaucoup. On essaie de tout mesurer simultanément et, comme le temps manque, on limite le nombre de questions par sujet. Qui trop embrasse mal étreint; à vouloir tout mesurer d’un coup, on risque de mal cerner chaque sujet faute de questions assez nombreuses et précises.

Masculinisme

Ce qui laisse deux questions seulement, par exemple, pour le masculinisme :

a) « Les garçons devraient contrôler les personnes avec lesquelles leurs copines interagissent »

b) « Les filles disent souvent « non », uniquement parce qu’elles ne veulent pas que les hommes pensent qu’elles sont faciles ».

Si la première question me semble claire car il est question du contrôle des femmes par les hommes dans une relation amoureuse, la deuxième me semble plus ambiguë. Doit-on comprendre que les femmes n’auraient ou ne devraient pas avoir d’autonomie dans le désir? Ou doit-on plutôt comprendre qu’elles devraient projeter une image de « pudeur »? Ces interprétations différentes pourraient entrainer des réponses contradictoires. La proportion d’élèves qui répondent « d’accord » à la première question est de 19,2% et de 20,7% à la deuxième. Le taux de non réponse à cette deuxième question est de 9,1%, ce qui est passablement élevé et qui introduit évidemment un biais.

Quoi qu’il en soit, les proportions en « accord » sont relativement faibles et l’étude conclut d’ailleurs, justement, que « concernant le masculinisme, les résultats montrent un niveau relativement faible de masculinisme chez les participant.e.s, avec une moyenne de 3.52 (SD=1.84) sur une échelle allant de 2 à 10 » (p.24).

On rajoute (p.24) « néanmoins, 34 % des élèves sont en accord avec au moins un énoncé sur deux, un pourcentage non négligeable ». En sous-titre de l’article, le JdeQ choisit d’ailleurs de faire ressortir ce 34%, qui amalgame tous les élèves qui sont en accord avec une des questions sans nécessairement être d’accord avec l’autre. Mais seulement 10% (environ) des élèves étaient « d’accord » pour les deux questions. Voilà qui est déjà pas mal moins spectaculaire. Et qui n’est pas mentionné.

Les religions

La phrase suivante de l’étude (p.24), rapportée dans l’article du JdeQ a attiré mon attention : « Les participant.e.s d’obédience chrétienne et musulmane soutiennent plus l’idéologie masculiniste que ceux ou celles qui ne s’identifient pas à une religion ».

Notons la formulation; les élèves de religion chrétienne ET musulmane. Dans cette phrase, ces deux religions sont englobées en une seule variable. Au Québec, mettre les « religions » dans un seul sac pour clamer -souvent- qu’elles sont globalement toxiques est une figure convenue du discours public.

Quand on consulte les résultats de la régression multiple (p.52), l’on constate que les croyances religieuses sont bien liées à un degré plus élevé de masculinisme. Le coefficient de régression est, en ordre de force, plus important pour l’islam, les « autres religions » (non définies) et le christianisme. Dans cet ordre. Le fait d’être musulman est presque aussi étroitement corrélé au masculinisme que le fait d’être de genre « garçon » (notons l’usage de la théorie du genre dans cette étude). Est-ce significatif? On ne le sait.

Mais il est clair que le « masculinisme » que l’on cherche à mesurer ressemble étrangement à certaines conceptions de la femme provenant des religions monothéistes. Il n’est alors pas étonnant que l’islam, qui a une conception particulièrement rétrograde de la femme, arrive en tête de liste de la corrélation avec le masculinisme.

Plus loin dans l’étude, l’on constate aussi que l’islam est corrélé, de façon statistiquement significative, à « l’intention à la radicalisation violente » (p<0,05, p.54), mais ce résultat (alarmant?) n’est mis en exergue nulle part dans l’étude. Étrange alors que cette étude provient pourtant de la « Chaire de recherche du Canada en prévention de la radicalisation violente ».

Le nationalisme

Il y aurait plus à dire. D’autres questions me semblent être mal posées, ambiguës, ou véhiculent une forte charge idéologique. Par exemple, les variables « xénophobie » et « nationalisme » sont mesurées avec les questions : a) « Les étrangers ne devraient pas avoir le droit de vivre au Québec », b) « ça me fâche quand les gens ne sont pas fiers du Québec » et c) « Je détesterais voir plus d’enseignant.e.s et d’enfants d’immigrants au Québec » (Tableau 4, p.49). Par la première, par exemple, que veut-on dire par « étrangers »? Des sans-papiers? Des immigrants illégaux? Des gens qui n’appartiennent pas à notre groupe ethnique ou culturel? Cela n’est pas clair. Si l’on interprète la question a) comme signifiant « sans-papiers », plusieurs trouveront normal qu’ils n’aient pas le droit de vivre chez nous (c’est la loi, après tout). Si l’on l’interprète comme signifiant « hors de notre groupe ethnique », alors on pourrait, oui, parler d’une attitude xénophobe. Pour la question b), faut-il comprendre que le simple fait d’être « fier du Québec » serait un marqueur de xénophobie et de nationalisme? Voilà qui est particulier. Il est à noter que les « attitudes d’extrême-droite » sont tout bonnement amalgamées avec le « nationalisme ». Cette démonisation du nationalisme (Québécois, s’entend) est un choix idéologique qui en dit long sur le climat intellectuel dans lequel baigne les auteurs de l’étude.

Conclusion

Joannidis affirmait que « les résultats de recherche pourraient souvent n’être qu’une mesure des biais préexistants », autrement dit beaucoup d’études sont mal conçues et ne font que refléter les biais intrinsèques à leur méthodologie.

La charge idéologique forte de certains volets des questionnaires, les questions mal posées, ambiguës ou pas assez nombreuses limitent, à mon avis, la portée des conclusions des études dont il est question ici. Ce qui est malheureux.

Ce qui n’empêche cependant nullement le JdeQ de faire un texte alarmiste sur une soi-disant « montée » du masculinisme dans des écoles. Mais les études citées dans l’article ne disent pas ça.

On préfère donc, dans le sillon d’un série (de fiction!) Netflix sur le masculinisme, passer sous silence le fait que les études dont nous disposons indiquent que le degré de masculinisme mesuré est relativement faible dans 6 écoles montréalaises. Et on escamote le fait que ces études nous apprennent que seul l’islam est corrélé statistiquement à « l’intention à la radicalisation violente ».

Dans ces études, l’idéologie -le wokisme- contamine non seulement le choix des questions de recherche, mais également ce qui est rapporté. Et l’idéologie est l’antithèse d’une démarche scientifique rigoureuse.

La trahison de François Legault

En 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault a remporté les élections et remplacé le Parti Libéral du Québec (PLQ) en promettant essentiellement deux choses : la laïcité et la réduction de l’immigration. Ces promesses ont été tenues, en partie, avec la minimaliste Loi sur la laïcité de l’État en 2019 et la légère réduction temporaire des seuils d’immigration permanents en 2019 et 2020.

En 2022, M. Legault a semblé rempiler sur ses promesses en immigration en affirmant que « plus de 50 000 immigrants » c’était « suicidaire » et que cela allait nous mener à la « Louisianisation ». Cela lui prenait donc un « mandat fort ». Ces fortes paroles ont fonctionné et la CAQ a récolté 90 députés aux élections générales de 2022.

C’est à partir de ce point de départ et la réalité actuelle que l’on constate, avec consternation, à quel point l’écart entre les paroles de M. Legault en 2018 et 2022 et la réalité de 2025 est grand, énorme, abyssal.

Le bilan démographique du Québec vient d’être mis à jour pour 2024 sur le site de l’Institut de la Statistique du Québec. On y apprend qu’en 3 ans (2022, 2023 et 2024), le solde migratoire externe du Québec a été de 493 097 personnes. Un demi-million de nouveaux immigrants ou 5,7% de la population en immigrants en 3 ans seulement!

En 2018, alors que M. Legault promettait de réduire l’immigration (« en prendre moins, mais en prendre soin »), le solde migratoire était de 83 200. Celui-ci a doublé depuis lors!

Depuis la prise de pouvoir par la CAQ en 2018, la population du Québec a augmenté de 772 746 personnes, soit de 9,3%. Hausse due entièrement à l’immigration. En 7 années de pouvoir caquiste, le Québec a accueilli (ou subi?) pour 15 ans et demi d’immigration au rythme promis de 50 000/an. Dans les 3 dernières années, il a accueilli l’équivalent de 10 ans d’immigration. De tels chiffres donnent le tournis et se comparent au taux de croissance de certains états africains (aucun de ces états ne va bien…).

Aucun peuple au monde-et encore moins une province à la culture chancelante- ne peut accueillir de tels volumes d’étrangers sans voir ses services publics se dégrader, ses enfants devenir minoritaires dans les écoles, l’islam politique –porté par la démographie- devenir de plus en plus intolérant et conquérant et l’intégration s’enrayer ou se faire à rebours, de l’ancienne vers la « nouvelle » majorité en train de se constituer.

L’immigration des dernières années est à mon avis la plus grave catastrophe à avoir jamais frappée le Québec français.

C’est une submersion démographique, le plan Durham en action. Pour de vrai.

Une catastrophe qui signe à assez court terme la fin du Québec français, à moins d’un changement de cap aussi radical qu’immédiat. Ce qui se trame à Laval et dans d’autres banlieues de Montréal avec la noyade démographique des francophones qui a cours, prend et va prendre racine partout au Québec. A ce rythme, en 2030, le Québec aura accueilli 1 million de personnes supplémentaires et sa population dépassera le 10 million de personnes. Les « kebs » seront alors minoritaires probablement dans toute la grande région de Montréal et à Québec, du moins dans les classes d’âge les plus jeunes, celle qui forment l’avenir de la nation.

Et alors que l’immigration explose d’un côté, les finances publiques implosent de l’autre; il semble évident que l’immigration ne nous enrichisse nullement, contrairement à ce qui l’on nous a répété pendant des décennies.

Le manque de vision de M. Legault, son manque de courage, la gestion de mononcle colonisé de la CAQ (que l’on voit partout, en économie dans la filière batterie par exemple et pas seulement en immigration) nous mène collectivement à la plus grande catastrophe de l’histoire du Québec et à une forme de suicide collectif.

Jamais, je crois, l’on a pu voir un tel écart-abyssal- entre le discours (« nationaliste ») d’un premier ministre du Québec et la réalité du Québec de 2025. L’écart est tel que son discours est en fait une forme d’inversion de la réalité. Lorsque l’on rajoute à cela l’absence totale de réaction conséquente de M. Legault et sa soumission absolue à Ottawa, force est de conclure une chose : M. Legault nous a trahis. Tout simplement.

Celui-ci aurait pu, par exemple, en réaction au déluge d’immigrants temporaires, fermer les vannes de l’immigration permanente (au lieu de les ouvrir à 65 000/an au lieu des 50 000/an promis), il aurait pu organiser un référendum sur l’immigration pour créer un rapport de force et rapatrier ce pouvoir, il aurait pu refuser d’émettre les Certificats d’acceptation du Québec pour ces centaines de milliers de personnes, il aurait pu… en faire beaucoup. Mais M. Legault a choisi d’opérer à l’intérieur des paramètres mentaux définis et autorisés par Ottawa, paramètres qui assurent que le Québec perde systématiquement. Il s’agit là d’une forme d’aliénation que l’on nommait autrefois « être colonisé », terme toujours d’actualité, selon moi.

Comme l’écrivait René Lévesque en parlant de Jean-Jacques Bertrand, premier ministre sous l’Union nationale en 1969 : « L’homme est sincère – Il est pétri de ce bonententisme minoritaire qui, chez toutes les générations d’avant comme d’après 1867, a fini par donner à notre résignation de faibles les vertueuses apparences de la tolérance civilisée et du respect de la liberté. Que ce soit devenu, à Montréal surtout, la liberté du renard dans le poulailler, cela il ne le sent pas. Ou pas assez pour rompre chez lui ce conditionnement de toute une vie à la possession tranquille des vieilles vérités de la survivance prudente où, à force de ne rien risquer, on finit par risquer tout, pour faire cadeau inconsciemment de l’avenir du Québec à notre minorité de plus en plus dominante et assimilatrice ».

M. Legault doit partir. Il a causé assez de dommages.

« C’est la démographie, stupide! »

Le rapport d’enquête concernant la « Vérification des mesures prévues à la Loi sur la laicité de l’État » commandé par le ministre de l’Éducation suite à des plaintes pour non-respect de la Loi dans la foulée des révélations médiatiques sur l’école Bedford et d’autres écoles est maintenant disponible. Dix-sept écoles, situées dans toutes les régions du Québec (de Saguenay à Montréal en passant par Québec, la Rive-sud et Laval) ont été visées par l’enquête.

Pour quiconque évolue encore mentalement dans les années 90 et s’imagine que le Québec serait une société préservée des conséquences de l’immigration massive, la lecture de ce Rapport est une belle claque en pleine face. Voici, en vrac, des extraits du Rapport :

  1. Niqab (p. 14) : Des élèves d’écoles du Québec portent maintenant le voile intégral, le Niqab. Le personnel, mis face à ces symboles d’un islam ultra-rigoriste, renoncent à exiger de découvrir le visage pour identifier les élèves. Traduction : Le personnel des écoles a peur de certains élèves. Tout le monde est au courant des décapitations de professeurs par des islamistes qui ont eu lieu en France.
  2. Refus de répondre aux profs masculins (p.14) : « Il a également été porté à l’attention des vérificateurs, sans être corroboré par ces derniers, que certains enseignants masculins ne seraient pas en mesure d’échanger verbalement avec des élèves entièrement voilées, ces dernières ne répondant pas aux enseignants masculins qui les saluent. Ces élèves ne poseraient également aucune question en classe, et ce, malgré le fait que certaines d’entre elles éprouvent des difficultés scolaires »
  3. Restrictions pour les filles en éducation physique (p.15) : Les jeunes filles portant des tenues islamistes, on le comprend à mi-mot à la lecture du Rapport, sont dispensées ou « accommodées » en éducation physique.
  4. Confusion liée à la clause grand-père et à la portée trop restreinte de l’interdiction des signes religieux (p.18) : « Cela semble créer une certaine incompréhension au sein du réseau scolaire, auprès des parents et des citoyens. Alors que les enseignants sont visés par l’interdiction de porter un signe religieux dans leur fonction, les aides à la classe et les éducatrices en service de garde, qui sont également régulièrement en contact avec les élèves et en situation d’autorité avec ceux-ci, ne sont pas visées par cette disposition. Il en est de même pour tous les professionnels et autres intervenants présents dans les établissements d’enseignement ».
  5. Absences massives lors de fêtes religieuses musulmanes, chez les élèves comme chez les enseignants : (p.21) « en raison du nombre élevé de demandes de congés pour certaines fêtes religieuses, qui peut parfois représenter plus du quart du personnel enseignant, par exemple, il n’est pas toujours possible d’assurer ce service de qualité. Afin d’accommoder le plus grand nombre possible de personnes, certains établissements ont parfois recours à des suppléants qui se voient dans l’obligation d’offrir des activités alternatives, comme la projection d’un film, plutôt que le contenu du cours inscrit à l’horaire ». (p.29) « certaines classes voient plus de la moitié de leurs élèves être absents ».
  6. Imposition de nourriture « halal » à une partie ou à l’ensemble des élèves (p.26) : « Lors des activités sociales, par exemple, une fête en début ou en fin d’année scolaire, les directions d’établissement font le choix d’offrir un menu qui satisfera un maximum d’élèves et d’employés (allergies, halal, etc.) ».
  7. Changements dans l’enseignement et la dynamique de classe face à la pression de l’islamisme (p.27) : « les témoignages recueillis confirment qu’afin d’éviter de heurter certaines croyances religieuses ou culturelles, des ajustements sont faits par des directions d’établissement et certains enseignants dans le choix du matériel scolaire à utiliser. À titre d’exemple, des enseignants évitent de proposer des romans faisant état de relations amoureuses ou traitant de magie, de sorcellerie, etc. De plus, des sujets d’actualité ne sont pas abordés avec les élèves par certains enseignants, par exemple, le concept d’égalité entre les hommes et les femmes ou l’identité de genre ». (p.28) « certains élèves se bouchent les oreilles lorsque certains sujets sont abordés crée un climat où d’autres élèves, ayant des questionnements sur leur orientation sexuelle, par exemple, évitent de poser des questions ou se sentent mal à l’aise de le faire, de crainte d’être jugés ».
  8. Affaiblissement du français comme langue commune dans les murs de l’école (p.29) : « des membres du personnel conversent dans une autre langue que le français devant les élèves ».
  9. Impact du Ramadan sur les élèves (p.29) : « des établissements rapportent avoir dû s’interroger sur la pratique du jeûne par de jeunes élèves, parce que des signes de fatigue ou de l’inconfort étaient observés ».

Ce Rapport a le mérite de nous mettre face à une réalité que plusieurs ne veulent pas voir : non seulement nous avons importé l’islamisme, qui vient dans les bagages de l’islam (même si les deux ne se superposent pas entièrement), en choisissant comme critère presque exclusif de sélection des immigrants la connaissance du français et en faisant fi d’autres caractéristiques cruciales pour l’intégration, mais l’ampleur de l’immigration depuis une vingtaine d’années (1,46 million de personnes!) reconfigure complètement notre tissu social et nos écoles. Nous avons maintenant de nombreuses écoles publiques où la majorité des élèves sont issus de l’immigration et où une partie importante du personnel l’est également. Beaucoup d’écoles sont des moins en moins « multiculturelles » et de plus en plus « monoculturelles ». Les élèves de culture « canadienne-française » sont une espèce en voie de disparition partout dans le grand Montréal et dans d’autres villes (comme Québec).

Rappelons qu’en 2023, par exemple, 35% des élèves des écoles publiques étaient issus de l’immigration (1ère et 2ème génération). Ceux-ci sont majoritaires dans des dizaines d’écoles et cette tendance connait une accélération exponentielle. 37% des nouveaux-nés au Québec sont issus de l’immigration, une tendance qui s’accélère au point où l’on peut penser que la barre du 50% sera atteinte d’ici une petite quinzaine d’années. On a envie de s’écrier, en parodiant le conseiller économique de Bill Clinton en 1992, « c’est la démographie, stupide! ».

Le Rapport nous fait voir que des écoles publiques sont maintenant des « zones de non-droit », des « territoires perdus de la république », où plus un parent sain d’esprit ne voudra envoyer ses enfants. Cette dynamique, à mon avis, accélère la fuite vers l’école privée (même chose en France). Pire encore, ce que l’on voit avec « l’ajustement » des programmes d’études, l’imposition de la nourriture halal, le sexisme grandissant (pour ne pas mentionner l’homophobie), etc., c’est que des écoles publiques sont en train de devenir « sharia compatibles ». Derrière cela se profile, sans l’ombre d’un doute, l’activisme des Frères musulmans pour qui rendre la société sharia-compatible, en commençant par l’école, est la première étape sur la route qui mène au califat.

Si le Rapport fait des recommandations pertinentes (je rajouterais cependant à ces recommandations l’interdiction du port de signes religieux aux élèves) et que je salue le courage de M. Drainville de s’y attaquer, il ne faut pas oublier que toute tentative de simplement gérer les méfaits sans s’attaquer à la racine du problème est vouée à l’échec. Et le fond du problème est l’immigration massive et l’immigration chez nous d’un grand nombre d’islamistes (mais connaissant le français!).

Nous avons besoin, en plus d’une série de mesures renfonçant la laïcité et d’une politique de lutte contre les organisations Fréristes, surtout et de façon urgente, d’un moratoire complet sur l’immigration pour une période prolongée (en plus d’une refonte totale de notre politique migratoire) afin de cesser d’aggraver le problème.

De « maitres chez nous » à « minoritaires chez nous »!

Le 16 janvier dernier, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiait un bilan démographique du Québec. Mais après quelques minces articles de journaux, le sujet a été aussitôt évacué de l’actualité. Et pourtant, cette question est à mon avis la grande question de notre époque, celle qui charpente toutes les autres. Elle mérite qu’on y revienne encore et encore. Vous me pardonnerez donc de le faire.

« Croissance »

Selon l’ISQ, entre le 1er juillet 2023 et le 1 er juillet 2024, la majorité des régions du Québec ont « enregistré leurs plus fortes croissances démographiques, voire la plus forte depuis que les données sont disponibles ». Rien que ça.

Cette croissance de la population, précise l’ISQ, repose quasi totalement sur l’immigration.

La figure 1 présente les taux de croissance des diverses régions du Québec pour 2020-2024.

Figure 1

En 2023-2024, la population du Québec dans son ensemble a augmenté de 2,3%, tandis qu’elle augmentait de 4,2% à Montréal.

 « Croissance » ne rime pas toujours avec « bonne nouvelle »

Même si ces chiffres, pour un œil non averti, ont l’air faibles, ils ne le sont nullement. Des taux de croissance aussi élevés, loins d’être une bonne nouvelle, constituent plutôt, selon moi, une véritable catastrophe.

Un des problèmes est que le terme « croissance » en lui-même est mélioratif. La « croissance », dans notre monde, ce serait toujours positif. Or, la croissance démographique, à des taux aussi élevés, ne me semble avoir rien de positif. Une croissance anarchique, désordonnée, incontrôlée, comme celle que l’on vit, n’entraine rien de bon. Au contraire.

Mettons les choses en perspective : quel sera le temps requis pour doubler la population avec un tel taux de croissance de 2,3%? 35 ans! C’est-à-dire qu’en 2060, la population du Québec, actuellement de 9,06 millions, passerait à 18,1 millions de personnes si ce taux de croissance était maintenu sur la période 2025-2060.

Et à 4,2% de croissance? Le temps de doublement sera de 17 ans seulement! En 2042, la population de Montréal passerait ainsi de 2,2 millions à 4,4 millions de personnes. Quelle sera la qualité de vie dans un Montréal à 4,4 millions de personnes? Quand on constate à quel point la qualité de vie a baissé à Montréal dans les vingt-cinq dernières années (du point de vue coût de la vie, transport, etc.), poser cette question, c’est déjà un peu y répondre.

Une population qui augmente d’autant, en aussi peu de temps, cela signifie, bien sûr, la consommation de plus de ressources en tout genre alors que nous sommes déjà en pénurie d’électricité, de logements, de nourriture, de lits d’hôpitaux, de places dans les écoles, etc.

Sommes-nous même capables de nourrir autant de monde alors que l’autosuffisance alimentaire du Québec a chuté de 75 à 35% au cours de 50 dernières années? Cette hausse de la population ne risque-t-elle pas de provoquer une grave inflation alimentaire (oups celle-ci sévit déjà…)?

Alors que la politique d’immigration imposée par les gouvernements du Québec et du Canada a pour résultat d’augmenter massivement la population, il est remarquable de constater que rien n’a été prévu en termes de logement, en alimentation, en énergie, etc., pour faire face aux conséquences de ces hausses. Il y a une absence totale de réflexion et de planification autour de l’enjeu de l’immigration, outre la simple question des seuils. C’est une preuve, à mon avis, que la politique d’immigration actuelle est entièrement idéologique et ne sert pas d’autres fins qu’elle-même (ainsi que les fins de ceux qui en tirent profit).

Pas surprenant que le PIB par habitant soit quasi-constant au Canada au cours des 10 dernières années.

Conséquence sociales

Si aucune planification des effets de l’immigration n’est faite pour le présent, la chose est encore plus vraie pour l’avenir. Que signifie une telle croissance de la population, reposant exclusivement sur l’immigration, pour l’avenir du Québec? Sur cette question, le vide intersidéral règne partout au gouvernement du Québec.

Une conséquence prévisible pour l’avenir est que la proportion de la population « non immigrante », à Montréal, sera probablement divisée d’un facteur 2 en 17 ans seulement. Au lieu d’être simplement minoritaires à Montréal comme actuellement, les francophones d’ascendance canadienne-française deviendront rapidement résiduels.

Alors que l’on nous a répété pendant des décennies que l’immigration était nécessaire pour combler la faible natalité des natifs, ce que l’on constate aujourd’hui, et de façon fulgurante, c’est que le volume d’immigration est si élevé qu’il ne sert pas à stabiliser les effectifs de la population, il provoque plutôt une croissance de population quasi sans précédent dans l’histoire du Québec. Et cette croissance signifie une dilution de la population native.

Nous n’avons plus simplement affaire à une immigration de remplacement (pour remplacer le déficit des naissances), mais à une immigration tellement forte qu’elle est en train de mener à la minorisation des natifs, des « non-immigrants ». L’immigration n’est plus un enrichissement, terme qui laisse entendre qu’elle s’ajouterait à et bonifierait ce qui existe déjà, mais est en train de submerger ce qui existe déjà. A ces niveaux, on pourrait qualifier d’immigration de submersion ou de dilution.

Par exemple, en 2023, 35,2% des élèves dans les écoles publiques Québécoises étaient des immigrants de 1ere et 2ième génération. Quelle sera cette proportion en 2060? Facilement le double. Comment peut-on s’imaginer une seule seconde que la langue et la culture québécoise vont continuer d’exister et de se transmettre dans un contexte où les Québécois d’ascendance canadienne-française vont devenir résiduels au Québec en entier d’ici 35 ans?

Déjà, 37% des bébés nés au Québec en 2023 avaient au moins un parent né à l’extérieur du Canada (25% en avaient 2). Si la tendance se maintient, nous passerons la barre du 50% probablement d’ici environ une quinzaine d’années.

Si le Québec actuel connait de nombreux exemples d’intégration harmonieuse d’immigrants, il faut réaliser que cela reflète les conditions du passé, soit d’une époque où la proportion d’immigrants était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui. Le rapport de force démographique qui a justement permis cette intégration dans le passé  est en train de disparaitre. De sorte que les succès du passé sont de moins en moins probables à l’avenir. Simplement dit : trop d’immigration tue l’intégration.

Les signes de la non intégration d’une partie des immigrants présents chez nous se multiplient. Il y a, bien sûr, l’effacement graduel du français comme langue commune sur des parties de plus en plus grandes du territoire du Québec. Mais on voit aussi poindre un choc culturel dans nos écoles, lieu par excellence de l’intégration future (ou pas!).

Mentionnons les éléments suivants qui ont fait grand bruit au cours de la dernière année: 1) l’établissement de l’anglais comme langue commune dans plusieurs écoles du grand Montréal, 2) le mépris ouvert pour les « kebs », les Québécois d’ascendance canadienne-française dans les écoles, 3) des jeunes hockeyeurs « canadiens-français » qui se font traiter des « french frogs » par une équipe de Laval lors d’un match de hockey à Montréal, 4) la présence de plus en plus marquée et décomplexée d’un islam militant et obscurantiste dans de nombreuses écoles (Bedford, La Voie), 5) la hausse de l’homophobie dans des écoles « multiculturelles »,  etc.

On pourrait multiplier les anecdotes qui s’empilent, à vrai dire, à grande vitesse. Ces anecdotes, à mon avis, ne sont pas des épiphénomènes sans lien les uns avec les autres. Elles sont le symptôme d’un basculement culturel et démographique, directement relié au volume excessif d’immigrants que nous recevons depuis trop longtemps, basculement sur lequel notre élite ferme les yeux.

Le premier geste à poser pour éviter la minorisation qui nous pend maintenant au bout du nez est de décréter non pas une simple diminution des seuils, mais un moratoire complet sur l’immigration.

Il faut mettre à mort l’idéologie immigrationniste et la fascination pour la croissance débridée qui est en train de conduire à l’implosion de notre tissu social, de nos services sociaux et de notre avenir comme peuple.

Les « pirates » sont-ils « conservateurs »?

Les amateurs de débats politiques ont été gâtés cette semaine; deux balados sont parus, l’un avec Paul St-Pierre Plamondon (balado de Ian et Frank) et l’autre avec Mathieu Bock-Côté (balado de Jeff Fillion, Radio-pirate).

L’écoute de ces balados en vaut la peine pour qui veut mieux comprendre la pensée de la « droite de Québec », aussi appelée « droite pirate », « libertariens », « droite QS » ou « conservateurs ». Cette mouvance politique s’étant assez récemment dotée d’un véhicule politique conséquent en la personne d’Eric Duhaime, le Parti Conservateur du Québec (PCQ) et la mouvance qui gravite autour doit, à mon avis, être pris au sérieux.

Alors que le programme politique de QS est depuis longtemps scruté et critiqué par certains (mais bon, pas à Radio-Canada), le programme du PCQ et son substrat intellectuel jouissent d’une certaine négligence médiatique.

La multiplicité des étiquettes dont s’affuble ou dont est affublée cette mouvance constitue déjà une première difficulté pour la situer sur le spectre politique et dans l’ordre des idées. La première question qui vient à l’esprit est celle-ci : cette mouvance est-elle vraiment, comme elle le prétend, « conservatrice »?

Le conservatisme

Pour se faire une tête, on peut revenir aux idées d’Edmund Burke, qui a écrit en 1790 un livre « Réflexions sur la révolution française », qui constitue le manifeste fondateur du conservatisme. Dans celui-ci, il écrivait, et c’est à mon avis la définition la plus profonde et émouvante du conservatisme, que « la société est un contrat passé entre les vivants, les morts et ceux qui sont encore à naitre » (ma traduction). Autrement dit, la société est un héritage, un legs qui nous vient du passé, des ancêtres. Nous ne sommes que de passage et sommes les fiduciaires de cet héritage que nous devons léguer à nos enfants, et, si possible, en meilleur état que celui dans lequel nous l’avons trouvé. Cette idée, à mon avis fondamentale, a été reprise et développée par Roger Scruton, une autre grande figure du conservatisme, entre autres.

Avec cette idée, Burke, qui écrivait alors que la Révolution française était en pleine ascension (et avant la Terreur), arguait que le progrès, le changement devait se faire graduellement et à un rythme mesuré, et qu’il était périlleux de faire table rase, de rejeter intégralement les valeurs et les traditions héritées du passé comme le faisait la Révolution française, car ces valeurs avaient subi avec succès le test du temps et avaient permis aux sociétés de survivre sur le long terme. Pour Burke, l’héritage incluait certes la propriété (ou la « richesse »), mais aussi la langue, les coutumes, les traditions, la culture et la morale. Tout cela suppose l’existence d’une certaine culture historiquement ancrée, c’est-à-dire d’un peuple.

Et, bien sûr, Burke était un défenseur de la « liberté ». La liberté, telle qu’il l’entendait, était « l’égalité dans la contrainte », c’est-à-dire qu’aucun individu ne pouvait se placer au-dessus des autres et jouir d’une liberté supérieure à celle d’un autre individu; la liberté de l’un était donc bornée par celle de l’autre. Il s’agit d’une liberté « individuelle », certes, mais qui s’inscrit dans un cadre « social », « collectif » dans lequel s’inscrit l’individu, qui est aussi en même temps, fondamentalement, un citoyen.

De ce que je comprends des positions des interviewers qui s’expriment dans ces deux balados et qui revendiquent le titre de « conservateurs » (sans vouloir faire d’amalgames, les deux balados étant très différents sur le ton, le niveau intellectuel du débat et le respect de l’interviewé), ceux-ci prônent, d’abord et avant tout, la liberté (et la responsabilité qui va avec, ce qui est bien). Mais quelle liberté exactement?

La liberté individuelle

Cette liberté qu’ils évoquent, si je comprends bien, est comprise comme étant une liberté strictement, purement individuelle. Ce qui frappe dans leur discours, c’est l’absence complète du collectif, de la nation, du peuple. L’individu est un atome flottant dans l’espace, libre en toutes choses et ne s’inscrivant dans aucun cadre outre celui auquel il décide d’appartenir sur le moment. L’héritage, le legs est complètement absent. La liberté « collective », c’est-à-dire la liberté du peuple québécois, ne semble rien signifier. Et cela est normal, dans le cadre intellectuel qui est le leur, car le peuple Québécois ne semble pas non plus exister. Il n’y a ici qu’une collection d’individus qui s’adonnent à vivre sur le territoire du Québec. Des atomes et pas même des molécules.

Cette philosophie politique est la même que celle de Pierre Elliott Trudeau et est celle qui sous-tend la Charte canadienne des droits et libertés, qui ne reconnait que des droits individuels (du moins, aux Québécois).

Or, toute l’histoire du Québec depuis la Conquête s’articule autour d’une quête de reconnaissance de droits collectifs pour le peuple Québécois. La question de l’indépendance du Québec s’inscrit dans une quête de liberté collective. C’est la raison, à mon avis, pourquoi la question de l’indépendance du Québec laisse le PCQ parfaitement indifférent; si les droits collectifs n’ont pas de sens et si le peuple Québécois n’existe pas non plus, alors l’indépendance de ce peuple n’a pas plus de signification que ces deux premiers éléments. La possibilité de l’indépendance devient alors simplement une chose à analyser comme une transaction nous apportant des bénéfices personnels ou non.

D’où, à mon avis, l’espèce de chantage, ce mot me semble juste, exercé par certains ténors de cette mouvance afin obtenir des « garanties » pour que le Québec indépendant relève du seul modèle de société qui serait acceptable à leurs yeux; c’est-à-dire un régime où les droits individuels seront le seul horizon collectif. Cela est formulé dans le langage du droit et drapé sous le nom de « contrepouvoirs » dans le balado de Ian et Frank et de façon beaucoup plus brutale (qu’est-ce qui va empêcher le Québec de devenir la Cuba du Nord?) dans le balado de Jeff Fillion. Ce « contrepouvoir », si je comprends bien, est quelque chose qui doit faire échec à la pleine souveraineté du peuple qui émane du Parlement, soit une Charte des droits qui sera hors d’atteinte de l’Assemblée nationale. Ce que les pirate veulent, je crois, c’est un régime qui tend vers un autoritarisme juridique qui ne sera pas soumis à l’arbitrage démocratique.

Je pense que l’on peut résumer leur position ainsi : « L’indépendance? Peut-être que oui, peut-être que non, mais seulement à la condition que cette indépendance soit conforme exactement à ma vision particulière du monde et que j’en retire un bénéfice personnel ». Cette position est ainsi la même que celle de Québec Solidaire, mais à l’autre bout du spectre politique.

Lord Acton et Trudeau

L’idée derrière l’obsession des « contrepouvoirs » évoquée par Ian et Frank est que le Québec indépendant aurait une tentation totalitaire innée, atavique, due (mais cela n’est pas dit clairement) à une incapacité que les Québécois auraient à se gouverner eux-mêmes. Ian et Frank et Jeff Fillion et ses comparses reprennent ici les idées de Lord Acton, l’éminence grise de l’impérialisme Anglais et inspirateur de Pierre Elliott Trudeau.

Acton, grand partisan des empires multinationaux (ce qu’est le Canada), pensait que ceux-ci offraient de meilleures garanties pour la liberté que la nation démocratique. Selon Acton, les menaces que la démocratie nourrissait à ses yeux contre les libertés, de sources nécessairement aristocratiques, se trouvaient amenuisées dans un ensemble impérial où les peuples, mis en concurrence les uns avec les autres, devaient s’améliorer. Les peuples inférieurs bénéficiaient donc de la tutelle de peuples plus évolués à l’intérieur d’un empire (ou d’une fédération, la forme moderne de l’empire).Pour Trudeau, il était clair que le Canada français constituait une communauté inapte au plein gouvernement d’elle-même et qu’elle devait subir la tutelle anglaise afin de s’améliorer (voir Marc Chevrier).

La mouvance pirate semble tout à fait à l’aise à voir le Québec être soumis à la tutelle du régime canadien, cette tutelle étant vue comme étant préférable à la démocratie pleine pour la nation québécoise, qui serait par essence dangereuse.  Ces idées sont celles d’Acton et de Pierre Elliott Trudeau.

Peu importe ici que le mouvement indépendantiste ait été démocratiquement exemplaire depuis la fondation du Parti Québécois par René Lévesque en 1969, peu importe si le mécanisme d’accession à l’indépendance choisi par le PQ soit l’instrument démocratique par excellence (le référendum) alors que le Canada a été fondé, en 1867 ou bien en 1982, comme un simple pacte entre élites possédantes ou par un « coup de force » sans que le peuple ait jamais eu son mot à dire, peu importe que le mouvement indépendantiste ait accepté le résultat de 1995 qui était pourtant entaché de nombreuses manœuvres illégales ou immorales d’Ottawa, rien n’y fait, le Canada, à leurs yeux, est toujours préférable au Québec. Le Canada, à vrai dire, semble au-delà des critiques. Il y a là une posture qui révèle le fait, qu’à leurs yeux, le Québec serait une nation inapte à son propre gouvernement.

Les « pirates » sont donc des Trudeauistes pur jus et ils jouissent déjà du modèle de société qu’ils exigeraient pour un Québec indépendant, soit celui d’une société qui n’a rien de républicain et où la démocratie est strictement encadrée par une élite à tendance aristocratique qui détient une bonne part du pouvoir juridique et exécutif. Le « contrepouvoir » est une Charte des droits et une constitution imposée par le haut (en 1982) et hors d’atteinte du peuple. Dans ce modèle de société, le peuple n’est pas souverain; les pirates tendent donc plus vers la monarchie que vers la république.

La liberté collective

Selon moi, la liberté individuelle s’articule avec la liberté collective en un tout indissociable. Un individu qui est membre d’un peuple qui n’est pas libre n’est pas libre lui non plus, peu importe les illusions qu’il se fait à cet égard. Un bon exemple de cette articulation est la question de la loi 21 et 96, auxquelles les pirates s’opposent absolument et qu’ils qualifient de « liberticide ». Liberticide? La liberté des Québécois de vivre et de travailler en français est une chose qui ne semble pas être désirable pour eux. Dans cette vision des choses, la langue est un choix purement individuel; on revient encore aux idées de Trudeau Sr.

Que cette vision strictement individualiste ait mené à l’éradication des francophones hors Québec et qu’elle soit en train de faire reculer le français au Québec même (et à grande vitesse), ne semble absolument pas compter. Que les droits individuels, ainsi compris, soient en fait les droits individuels des seuls anglophones et que les droits individuels des francophones soient bafoués ne semble pas compter non plus. Bref, cette pensée, d’un simplisme confondant, est taillée sur mesure afin de favoriser les « Anglais », et derrière une façade vertueuse de « liberté », couvre des injustices qui font en sorte que « tout le monde est libre, mais certains sont beaucoup plus libres que d’autres ». Ce qui ne correspond pas du tout au concept de liberté selon Burke.

L’effondrement en cours du Québec français dans le Canada actuel semble les laisser parfaitement indifférents. Faire l’indépendance pour des raisons existentielles, afin de sauver l’héritage et le legs des ancêtres qui ont fait le Québec français actuel, n’est donc pas une raison qui leur parle.

Cette mouvance est-elle conservatrice? Certainement pas au sens où Burke l’entendait.

Soumission au Parti conservateur du Canada

Cette conception étriquée de la liberté est aussi la raison, je pense, pour laquelle la question de l’immigration n’est aucunement sur l’écran radar de cette mouvance; comme le peuple Québécois n’existe pas, qu’il y ait alors un nombre plus ou moins grand d’individus sur le territoire du Québec n’a aucune importance du point de vue culturel ou linguistique. La seule question, peut-être, est celle de la crise du logement, qui est envisagée du strict point de vue de l’offre de logement, et jamais du point de vue de la demande. On n’a qu’à construire plus et tout va bien aller. Ce point de vue est celui du Parti conservateur du Canada (PCC) de Pierre Poilievre.

Plus largement, les pirates semblent complètement inféodés idéologiquement au PCC et je n’ai pas entendu une seule critique des positions M. Poilievre venant de leur part (je peux me tromper sur ce point). Mais la liberté individuelle bien exercée, c’est aussi celle de critiquer même le PCC…

Points de convergence

Par ailleurs, je suis plutôt d’accord avec eux sur certains points qui me semblent secondaires relativement à la question de l’indépendance; je suis favorable à une exploitation raisonnée des hydrocarbures (sur le modèle norvégien) si cette exploitation permettait, par exemple, de nous enrichir collectivement et de défrayer les coûts de la transition vers l’indépendance.  Je doute cependant que le Québec possède réellement des réserves d’hydrocarbures substantielles et exploitables qui changeraient véritablement la donne. Je trouve aussi, comme eux, que l’interdiction de la vente de véhicules à essence est une fausse bonne idée et je pense qu’elle ne verra jamais le jour pour des raisons qui relèvent de la physique de base. Je suis aussi favorable à une limitation du rôle de l’État (par exemple, dans les subventions aux entreprises qui ont atteint un degré orgiastique sous la CAQ), à une diminution de la bureaucratie (par exemple, en santé et en éducation), à l’équilibre des finances publiques (au prix de sacrifices, s’il le faut), à la réduction de la dette, à la mise de l’avant de l’effort et de la responsabilité individuelle, etc.

Mais ces questions sont pour moi secondaires à celle de la liberté collective pour mon peuple, c’est-à-dire de l’indépendance. L’indépendance me semble absolument nécessaire pour des raisons existentielles, afin de ne pas rompre le contrat social dont nous sommes fiduciaires, contrat « passé entre les vivants, les morts et ceux qui sont encore à naitre ».

Vivement des « Petites écoles de la chanson » partout au Québec

De passage chez des amis en Gaspésie, l’on m’a parlé de « La petite école de la chanson », un programme parascolaire implanté dans de nombreuses écoles de la péninsule gaspésienne. Ce programme amène les élèves à s’approprier le répertoire d’un ou des artistes sélectionnés cette année-là dans le cadre du Festival en chanson de Petite-Vallée. Ainsi, chaque année depuis plus de 30 ans, environ 300 enfants s’approprient le répertoire chansonnier et musical d’un artiste québécois (ou de la francophonie) et participent à un spectacle choral de grande envergure présenté en ouverture du Festival. En 2024, par exemple, « l’artiste passeure » était Marie-Jo Thério et 24 écoles ont participé.

A ma courte honte, moi, qui m’intéresse à la chanson et à la transmission, j’ignorais totalement l’existence de ce programme. Comme le disent les fondatrices (Myriam Brousseau et Danielle Vaillancourt) dans un vidéo récapitulant l’histoire de la Petite école de la chanson « quand on a fait les premières années, c’était de faire chanter les enfants en français, parce qu’on savait qu’ils écoutaient beaucoup de musique en anglais, et on se demandait comment faire pour leur faire connaitre le répertoire des chanteurs d’ici, puis de leur faire garder? ».

L’évidence de ce concept d’école de la chanson m’a frappé comme la foudre : dans le contexte de désolation culturelle grandissante qui est le nôtre, d’américanisation de notre culture, du bris de la transmission, de l’intégration de plus en plus déficiente et impossible de masses d’immigrants dans nos écoles, dans un monde où les jeunes Québécois sont de plus en plus coupés de leur culture, où la majorité des enfants n’ont quasiment jamais entendu une chanson « traditionnelle », où l’affaissement culturel en cours se conjuge avec déclin de la langue, comment se fait-il que ce programme ne soit pas accessible partout?

Vivement des « Petites écoles de la chanson » dans toutes les écoles du Québec!