J’ai lu « Les premiers Canadiens » (Tome 1, Liber, 2024) de Jacques Houle.
Il s’agit une synthèse accessible, bien écrite, entrainante, qui reconstitue l’histoire des Canadiens français du Québec, de « l’aube » en Nouvelle-France (1600) à la « Révolution canadienne » au Bas-Canada (1837-1839).
Ce livre nous redonne véritablement notre histoire nationale et retisse la trame qui nous relie à nos ancêtres. C’est un livre centré sur l’histoire de notre peuple et dont le but n’est pas d’en faire le procès. Ce simple fait le fait ressortir du lot dans le panorama actuel marqué par une large volonté de déconstruction et dirais-je même, d’avilissement.
Ce livre nous permet de revisiter notre passé et nous fait redécouvrir nos ancêtres avec des yeux neufs; des gens courageux, qui ont, au prix d’un labeur incessant, ouvert un pays nouveau dans des conditions difficiles et même souvent extrêmement pénibles.
L’angle utilisé par l’auteur est souvent novateur, comme lorsque, par exemple, il traite de la « Conquête du Canada » et nous fait voir, en détails, l’apprêté de la politique de terre brûlée et de terreur qui a été appliquée par l’armée anglaise en 1759 pour casser la résistance des Canadiens, dans ce qui est peut-être la première application à large échelle du concept de « guerre totale » c’est-à-dire d’une guerre qui visait autant les civils que les militaires, en rupture, même si toute guerre est atroce, avec les usages européens d’alors. Les mots du général Wolfe, qui a toujours une rue à son nom à Québec (et Lévis), sont rappelés : « J’aurais plaisir, je l’avoue, à voir la vermine canadienne saccagée, pillée et justement rétribuée de ses cruautés inouïes » (p.169). Pas étonnant que cet événement fondateur du pays que deviendra le Canada hante encore la conscience collective.
Houle recadre également la bataille des plaines d’Abraham du 13 septembre 1759 en « demi-succès » britannique, surtout lorsque vue en combinaison avec la deuxième bataille des plaines d’Abraham du 28 avril 1760 (une victoire française) et conclut que la défaite française est d’abord politique et est due au manque d’envergure et de vision de Louis XV et de la coterie de ministres et conseillers à courte vue qui l’entourait.
L’abandon de l’immense Nouvelle-France en faveur des quelques iles sucrières et de droits de pêche à la morue lors du Traité de Paris de 1763 est vécue comme un choc et un traumatisme par les Canadiens. Ce sentiment est parfaitement formulé par une religieuse hospitalière dans une lettre à un ministre français « On ne peut, monseigneur, dépeindre au naturel la douleur et l’amertume qui s’est emparée de tous les cœurs à la nouvelle de ce changement de domination » (p.184).
Avec ce livre, on revit, avec cette hospitalière anonyme, cette émotion et l’on sent bien le lien invisible qui nous lie à elle presque trois siècles plus tard. Car nous sommes toujours aujourd’hui, en réalité, plongés dans la douleur et l’amertume de la domination anglaise, même si le déni nous fait enfouir cette admission très loin dans nos coeurs.
C’est la magie de l’Histoire. Et ce livre nous la fait vivre.
En France, un sondage conduit par l’IFOP le 18 novembre dernier « État des lieux du rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France » a provoqué un véritable séisme intellectuel et politique. Et avec raison, car il met en lumière, crûment, la radicalisation croissante d’une part importante des populations musulmanes immigrées dans les dernières décennies en Occident. Voici un échantillon des conclusions de cette étude :
Croissance très importante de la proportion de musulmans dans la population française (facteur de 14) : « La proportion de musulmans au sein de la population française adulte est passée de 0,5% en 1985 à 7% en 2025 ».
Religiosité exacerbée : « Les musulmans affichent un degré de religiosité largement supérieur aux autres religions – 80% se déclarent « religieux » ».
Augmentation de la fréquentation des mosquées : « Tout comme la fréquentation hebdomadaire de la mosquée qui est passée de 16% en 1989 à 35% en 2025, la pratique quotidienne de la prière a effectivement augmenté entre 1989 (41%) et 2025 (62%), atteignant elle aussi des sommets chez les jeunes de moins de 25 ans : 67% ».
Augmentation du port du voile : « une musulmane sur deux âgée de 18 à 24 ans se voilent aujourd’hui (45%), soit trois fois plus qu’en 2003 (16%) ».
Rejet de la science : « À rebours des tendances observées dans les autres religions, une forme d’« absolutisme religieux » transparaît dans un large rejet de la science : 65% des musulmans pensant que « c’est plutôt la religion qui a raison » par rapport à la science sur la question de la création du monde, soit plus de trois fois plus que dans les autres religions (19%) ».
Désir d’appliquer la charia : « Autre signe d’une certaine vision intégraliste de la charia : près d’un musulman sur deux (46%) estime que la loi islamique doit être appliquée dans les pays où ils vivent, dont 15% « intégralement quel que soit le pays dans lequel on vit » ».
Montée de l’intégrisme : « L’intégrisme a gagné les esprits de plus d’un musulman sur trois : 38% des musulmans approuvent tout ou partie des positions « islamistes » en 2025, soit une proportion deux fois plus élevée que ceux qui partageaient des positions « intégristes » il y a une trentaine d’années (19% en 1998) ».
Séparation des sexes : « En rupture avec le libéralisme des mœurs dominant en Occident, l’application d’un séparatisme de genre est quant à elle loin d’être marginale : 43% des musulmans refusent au moins une forme de contact physique ou visuel avec l’autre sexe dont un sur trois (33%) refuse de faire la bise, 20% refusent d’aller dans une piscine mixte, 14% de serrer la main à une personne de l’autre sexe, et 6% de se faire soigner par un médecin de l’autre sexe. Or, la force de ce rejet de la mixité chez les jeunes laisse augurer une rigidification des rapports de genre au fil du renouvellement des générations. »
Le portrait terrible qui se dégage de ce sondage est que la thèse voulant que les intégristes constitueraient seulement une « infime minorité » des musulmans est erronée; au contraire, ceux-ci représentent entre 38% et 65% des musulmans français, dépendant du marqueur utilisé (intégrisme au sens littéral, désir d’appliquer la charia ou rejet de la science, par exemple). La radicalisation est également en montée chez les jeunes générations, signe que la « réislamisation » pratiquée par les Frères musulmans fonctionne à plein régime et donne des résultats.
Une des trouvailles de cette étude (merci à Florence Bergeaud-Blackler de la pointer du doigt) devrait éclairer le débat public québécois sur la laïcité, relancé à la suite de l’annonce du dépôt prochain d’une nouvelle mouture de la Loi sur la laïcité par le ministre Jean-François Roberge.
Le voilement est une norme qui vise d’abord et avant tout, en Occident, à empêcher l’intégration des musulmanes dans la société en les marquant d’un signe et symbole qui domine l’espace visuel. C’est une façon, pour l’islamisme, de marquer le corps des femmes comme appartenant à l’oumma (les « croyants »). La ségrégation sexuelle est un des piliers de l’islamisme. La hausse du port du voile est ainsi directement corrélée à la montée en puissance de celui-ci.
La figure 1, tirée de l’enquête de l’IFOP, présente les caractéristiques des musulmans et musulmanes présentant des degrés divers d’intégrisme en lien avec la ségrégation sexuelle.
Figure 1
La dernière ligne de la figure 1 nous indique que le port du voile est le principal prédicteur des comportements visant à marquer une ségrégation entre les sexes. Ainsi, 79 % des femmes voilées appliquent un interdit relevant de la morale islamiste (soins, bise, poignée de main, piscine mixte), contre 37% de celles qui le ne portent pas. Cette différence est énorme et structurante.
Les femmes voilées sont, très majoritairement, des islamistes. Elles le sont peu importe les raisons « personnelles » pour lesquelles elles affirment porter le voile; un symbole, un totem, un drapeau dépasse l’individu. L’islamisme instrumentalise l’individualisme occidental contre lui-même et fait la guerre à la mixité, pilier de la civilisation occidentale. Interdire le voile, marqueur de l’islamisme, va de soi.
Dans une scène mémorable du film « Le déclin de l’Empire américain », le personnage joué par Rémy Girard, un prof d’histoire de l’université de Montréal, explique que trois choses comptent en Histoire : « Premièrement le nombre, deuxièmement le nombre, et troisièmement le nombre. Ça veut dire que les noirs Sud-africains finiront certainement un jour par gagner alors que les noirs nord-américains n’arriveront probablement jamais à s’en sortir. Ça veut dire aussi que l’Histoire n’est pas une science morale. Le bon droit, la compassion, la justice sont des notions étrangères à l’Histoire ».
Derrière le vernis techno-bureaucratique, cette étude est le document le plus effrayant, le plus épouvantable jamais publié par une instance officielle du gouvernement du Québec.
Pourquoi? Car c’est la démonstration mathématique, implacable, de notre minorisation -celle du peuple historique de langue française- en cours. Une minorisation qui ne relève pas d’un fantasme lointain ou d’une quelconque théorie du complot; une minorisation qui est un fait, qui est accomplie déjà sur de grandes parties du territoire et qui sera bientôt complétée pour l’ensemble du Québec.
L’effondrement de la majorité historique francophone dans les écoles primaires et secondaires
C’est à la page 72, en annexe, que l’on trouve un tableau indiquant « L’évolution de la proportion d’élèves de troisième génération ou plus selon l’ordre et le réseau d’enseignement ». Ces « élèves de 3ème génération ou plus », rappelons-le, sont ceux nés au Canada de deux parents nés au Canada alors que les 2ème génération sont ceux nés au Canada avec au moins un parent né à l’étranger tandis que les 1ère génération sont ceux nés à l’étranger.
La proportion de 3ème génération (ou plus) peut être comprise, grosso modo, comme étant la proportion de Québécois francophones, d’origine canadienne-française ou s’y étant intégrée il y a longtemps, qui compose l’effectif scolaire (surtout dans les Centres de services scolaires de langue française, cela dit).
Bien sûr, ce type d’analyse comporte plusieurs limitations : un 2ème génération, surtout si l’enfant est issu d’un mariage mixte, peut être bien intégré dépendant de l’origine des parents, du milieu d’accueil, etc. Cependant, le ministère de l’Éducation ne collecte aucun autre type de donnée et en conséquence, nulle autre analyse n’est réalisable. Mais l’utilisation du statut d’immigration au lieu d’autres indicateurs potentiellement plus précis ne change pas, selon moi, les conclusions générales.
La figure 1 reproduit le Tableau B18 en question.
L’on constate, à la figure 1, que la proportion de 3ème génération et plus dans l’effectif scolaire préscolaire, primaire et secondaire est passée de 83,6% en 2004-2005 à 64,1% en 2024-2025, soit une chute de 23,3% en 20 ans seulement.
Cela n’est pas une « baisse », c’est un effondrement sans précédent dans l’histoire du Québec. Répétons-le : une telle chose, d’une telle rapidité et d’une telle brutalité, n’est jamais arrivée auparavant.
Si l’on savait que le plancher des 80% de francophones avait été défoncé sur le plan de la langue maternelle (76,3%) et de la langue parlée le plus souvent à la maison (79,1%) depuis le recensement de 2021 (voir mon texte « La fin de l’éternité »), ces chiffres valaient pour la population en général et la majorité francophone, bien qu’en baisse, restait une majorité.
Cette étude du Commissaire nous fournit cependant un portrait de la situation dans les classes d’âge scolaire. Et il est dantesque : Les 3ème génération sont maintenant minoritaires dans les écoles partout dans le grand Montréal et en baisse rapide à peu près partout ailleurs (p.71) : ils sont 29,1% seulement à la CSS de Montréal, 36,3% à Marie-Victorin (Longueuil), 56,2% aux Découvreurs (Québec), 18,1% (!!!) à la Pointe-de-l’ile, 47,5% aux Portages-de-l’Outaouais, 69,9% dans la Région-de-Sherbrooke, etc.
La fiction de l’intégration
L’intégration est d’abord une question de rapport de force démographique. Elle a peu à voir avec « l’ouverture », la « gentillesse », le « cœur », etc., bien que ces qualités puissent rendre le processus plus agréable que moins. On s’intègre, processus long, pénible et plein de deuils, par la force des circonstances, le plus souvent parce qu’on désire améliorer son sort et donner un avenir plus intéressant à ses enfants, parce qu’on a fait le choix de se déraciner.
Des études ont déjà démontré qu’en bas de 80% de francophones (langue maternelle) dans un lieu donné, les immigrants au Québec ne s’intégraient pas à la « majorité francophone » et convergeaient plutôt massivement vers l’anglais. Pour que l’intégration se fasse, il faut que la « majorité » existe réellement, charnellement, dans les institutions intégratrices, comme l’école. L’intégration ne peut se faire dans un contexte où la société d’accueil disparait de celles-ci.
Aujourd’hui, partout dans les régions majeures de contact avec les immigrants au Québec, les 3ème génération sont maintenant en minorité dans les écoles. Le contact des élèves issus de l’immigration avec des Québécois et donc avec la langue française mais aussi avec la culture québécoise est de plus en plus évanescent. Le français est donc rétrogradé à une langue scolaire, utilisée passivement lorsque requis alors que la langue de socialisation, de culture est de plus en plus l’anglais. Le rapport de force démographique qui existait auparavant et qui permettait (en partie) l’intégration a été pulvérisé sur de larges pans du territoire.
Akos Verboczy, dans son livre « Rhapsodie québécoise : itinéraire d’un enfant de la loi 101 » avait fait le portrait du mépris qui régnait envers la culture québécoise dans son école secondaire -où les Québécois de souche étaient presque totalement absent- du Notre-Dame-de-Grâce dans les années 90. Mais ce phénomène, qui était circonscrit à quelques écoles à très haute densité d’élèves issus de l’immigration situées dans l’ouest de Montréal il y a trente ans, s’est maintenant généralisé à l’ensemble de la grande région de Montréal et est en train de métastaser à Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, etc. Le Québec au complet est en train de se « westislandiser ».
Avec cet éclairage, toute une série d’évènements en apparence disparates qui ont fait surface dans les dernières années s’ordonnent et prennent leur place dans un cadre logique. On peut mieux comprendre, par exemple, cette chronique coup de poing de Jean-François Lisée (« Identité anti-québécoise ») publiée en février 2024, qui rassemblait un ensemble impressionnant d’anecdotes sur le mépris du Québec et de la culture québécoise qui règne dans de nombreuses écoles de langue française dans le grand Montréal. Ou ce papier du JdeM d’avril 2024 (« Le français boudé dans des écoles: «C’est juste “inconvenient” pour moi» ») qui montrait que l’anglais est maintenant la langue commune dans nombre d’écoles. Ou cette lettre crève-cœur, à lire absolument, (« Longtemps j’ai refoulé mon identité québécoise » ) d’une jeune québécoise ayant été scolarisée dans une école à majorité immigrante à Laval il y a 20 ans et qui en est venue, afin de « s’intégrer », à avoir honte de son identité québécoise. Ou ce documentaire (« Garçons, un film de genre »), où des jeunes filles d’une école de Gaspésie en visite dans une école de Montréal-Nord se font fait traiter de « plotte gaspésienne » et « d’estie de blanche ». Le directeur d’école de Montréal-Nord intervient même pour dire que la « présence d’un paquet de blancs » dans son école a causé un « effet de curiosité ». En effet.
Sur de grandes parties du territoire québécois, le tissu social dans les écoles est déchiré. Nous sommes face à un échec retentissant non seulement de la loi 101, mais de l’ensemble de notre politique d’immigration, échec qui ira grandissant au fur et à mesure que les québécois francophones seront minorisés de plus en plus profondément partout au Québec.
Le point de bascule, celui où nous passerons en bas du 50% dans les classes d’âge scolaire, sera atteint, au rythme actuel, d’ici un peu plus de 10 ans (demain!) pour l’ensemble du Québec.
Après cela, un verrou démographique sera posé sur notre avenir, et la majorité historique francophone -maintenant minorité- sera dépouillée à jamais de la possibilité de décider de son avenir politique.
L’union des forces pour détruire la majorité francophone au Québec
La minorisation des Québécois francophones dans les écoles, qui sera terminée bientôt, est l’accomplissement d’un très vieil objectif d’Ottawa, formulée d’abord explicitement par Lord Durham, qui était « d’oblitérer la nationalité » des Canadiens-français. La mise en minorité des francophones à la grandeur du Canada allait permettre de repousser le danger de l’indépendance du Québec et conduire au pays rêvé unitaire, anglophone. Cet objectif, reformulé récemment en termes purement économiques par le lobby Century Initiative est une constante de la politique intérieure du Canada depuis des siècles.
Dans les dernières décennies cependant, dans une belle démonstration « d’intersectionnalité », deux autres courants idéologiques sont venus en renfort de cet objectif, soit l’immigrationnisme économique du patronat et le postmodernisme héritier du marxisme. Le premier réduit les êtres humains à un intrant déplaçable à volonté afin de répondre aux besoins de l’usine globale et le second a remplacé la figure du peuple par celle de l’immigrant et cherche, en instrumentalisant ceux-ci, à détruire l’ordre social occidental traditionnel fondé sur des peuples historiques, enracinés, en majorité d’ascendance européenne.
La conjonction de ces trois courants a produit une force quasi irrésistible qui est en train d’accomplir ce que l’Acte d’union de 1840, la Confédération de 1867 n’ont pas réussi.
Rompre avec une politique d’immigration suicidaire
La noyade des 3ème génération se produit parce que les seuils d’immigration sont excessifs et depuis fort longtemps (au moins 25 ans).
Si l’intégration des immigrants était un objectif important pour le Québec, alors les seuils d’immigration seraient déterminés, en grande partie car les enfants sont l’avenir d’un peuple, en fonction de la capacité d’accueil des écoles.
Le nombre d’immigrants accueillis chaque année devrait être celui (essentiellement) qui permet de maintenir une très nette majorité, que l’on peut fixer à 80%, d’élèves de 3ème génération ou plus dans les écoles, idéalement dans chaque école et Centre de service scolaire à la grandeur du territoire.
Ce seuil de 80% ayant été défoncé un peu partout, cela signifie concrètement que nous avons besoin d’un moratoire à peu près total sur l’immigration; il faut arrêter de creuser, avec un enthousiasme morbide, notre propre tombe collective.
Car à moins d’un changement de cap majeur, nous allons nous aussi comprendre, dans notre chair et dans l’agonie de notre peuple et de notre culture, que « le bon droit, la compassion, la justice sont des notions étrangères à l’Histoire ».
On y apprend que plusieurs villes allemandes n’arrivent plus à défrayer les coûts des mesures de sécurité (blocs de bétons, gardes, périmètres clôturés, fouilles) devenues nécessaires pour protéger les visiteurs des marchés de Noël. Ces mesures se sont imposées depuis quelques années devant la menace grandissante des attentats terroristes islamistes ayant ciblé ceux-ci. Rappelons, par exemple, l’attentat à la voiture bélier de Madgebourg en 2024 qui a fait 5 morts et 200 blessés.
Les marchés de Noël existent en Allemagne depuis au moins le Moyen Âge. Ils constituent une tradition qui s’inscrit dans la célébration d’une fête à la fois chrétienne (la naissance de Jésus), et païenne (la lumière, le solstice d’hiver). Le tout dans la convivialité, la bonne humeur, le Glühwein (vin chaud à la canelle), la cohésion sociale, soit le « vivre-ensemble » typique des sociétés à « confiance élevée » occidentales.
Mais il faut maintenant peut-être parler de cela au passé. Le reflux des marchés de Noël devant la terreur islamiste est un puissant symbole de tout ce qui ne tourne pas rond avec l’immigration en Occident. C’est le canari dans la mine du « vivre-ensemble », un signe clair de l’effritement du tissu social que cause la présence en sol allemand (dans ce cas-ci) de gens, de plus en plus nombreux, portant des valeurs radicalement incompatibles avec celles de leur société d’accueil.
Mais les slogans (« Wir schaffen das »), les bons sentiments et l’empathie suicidaire qui servent d’argumentaire en faveur de l’immigration massive n’arrivent pas à triompher du réel, d’où le besoin de mesures de sécurité toujours plus poussées et plus coûteuses. A travers cela, les islamistes atteignent leur but et annulent graduellement une fête chrétienne.
Récemment, le maire musulman de Londres, M. Sadiq Khan, a inauguré une nouvelle tradition dans sa ville, soit d’orner les grandes artères de « lumières du Ramadan », marquant ainsi le début du mois du jeûne islamique. Une sorte « d’appel à l’islam » lumineux, financé par la Ville de Londres. D’une fête de la lumière à une autre, se diront les naïfs, quelle importance?
Et c’est ainsi que l’on glisse insensiblement d’une civilisation à une autre.
Je suis heureux et honoré d’être avec vous ce soir.
Disons-le d’emblée, l’Action nationale est pour moi comme ma maison, mon foyer intellectuel. C’est au contact de cette revue et de ceux qui y écrivent que j’ai formé une bonne partie de ma pensée en ce qui concerne notre condition nationale. Ne doutez pas que cette revue ait un rayonnement international : Il y a 25 ans, exilé en Californie pour le travail, je lisais assidûment les Bulletins du lundi de Robert Laplante.
Je lis que le prix Rosaire Morin (que je n’ai pas connu) distingue « un militant ou une militante indépendantiste qui, par ses écrits et son action, a contribué de façon significative au développement de la conscience nationale ». Je ne connaissais pas M. Morin, et en lisant sa bio, je constate qu’il me reste de nombreuses croutes à manger pour espérer arriver à sa hauteur. Mais je n’ai pas l’impression d’être plus méritant que d’autres, nombreux, qui portent notre conscience nationale à bout de bras. Je pense que les membres de la Ligue d’Action nationale se laissent peut-être berner par mon activisme forcené sur X, anciennement Twitter.
Blague à part, la motivation profonde qui m’habite, depuis très longtemps, est double : 1) être utile, contribuer et 2) dire la vérité telle que je la vois.
J’ai toujours en tête cette phrase de Fernand Dumont (un autre lecteur de l’Action Française, ancêtre de l’Action nationale), lue il y a fort longtemps : « j’aurais pu quitter ce modeste enclos, faire ma vie ailleurs, les offres n’ont pas manqué, mais j’ai choisi la solidarité avec les miens ». Et aussi les mots de Charles Péguy, très souvent cités mais fort peu pratiqués : « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit ».
Du reste, c’est peut-être surtout ma formation scientifique qui me campe dans cette attitude et non le simple courage moral : en sciences, expérimentales de surcroit, les données sont reines. C’est un tour d’esprit dont il est difficile de se départir. Le modèle (l’idéologie) doit s’ajuster à ce que disent les données. Et pas dans l’autre sens, comme on le voit si souvent, hélas, en sciences humaines, gangrénées qu’elles sont par le postmodernisme. C’est pourquoi, aussi, je pense que les chiffres sont un chemin vers la vérité et que « puissance et beauté des nombres feront se fendre les étoiles » comme le disait Richard Desjardins.
Je suis convaincu qu’ultimement, la vérité triomphe et qu’on est toujours en bonne compagnie avec elle, même si l’on est parfois un peu seul. Mais pas ce soir!
Mme Rachel Chagnon, doyenne de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM, s’est fait quelque peu connaitre, malheureusement pour nous, en donnant son opinion sur les signes religieux dans les écoles à Radio-Canada dernièrement. Rappelons ses paroles :
« Est-ce que c’est un vrai problème? Est-ce que l’on a des milliers de jeunes enfants dans les écoles en portant des signes religieux ostensibles? Est-ce que mettre nos enfants en contact avec la différence, est-ce si terrible que ça? Est-ce que c’est si épouvantable qu’un petit enfant Québécois soit confronté à la réalité d’un enfant qui a un autre vécu que le vécu catholique, est-ce que c’est si troublant et si épouvantable qu’on doive s’assurer que tous les enfants sont pareils, qu’ils sont tous dans le même moule et, pourquoi pas, tous blonds aux yeux bleus ».
Dans un texte précédent, j’ai analysé la première partie de son affirmation. Voyons maintenant ce qu’il en est pour la deuxième, à savoir si cela est « si terrible » de « mettre nos enfants en contact avec la différence ».
Nos enfants et la « différence »
Premièrement, il est implicite, dans son affirmation « mettre nos enfants avec la différence » que, dans son esprit, « nos enfants » seraient en quelque sorte tous identiques et ne pourraient, en soi, incarner la « diversité ».
C’est parce qu’ils seraient tous, sans doute, de « petits blonds aux yeux bleus »? Outre le grotesque de cette affirmation, depuis quand peut-on réduire un individu à sa couleur de peau ou de cheveux, à son origine ethnique ou à sa religion? Même si l’on assumait que « nos enfants » seraient tous blancs ou blonds, seraient-ils tous identiques pour autant? Cette réduction d’une être humain à un ou deux attributs est une négation de la dignité et de la complexité de la personne humaine.
Ce processus de réduction et d’essentialisation n’est-il pas là l’essence même du racisme? Un racisme bon chic bon genre endossé sur les ondes de la société d’état, sous les rires complices de l’animatrice. Cela est consternant.
Deuxièmement, il est évident que pour Mme Chagnon, une des incarnations de la « diversité », outre la couleur de peau ou des cheveux, seraient les signes religieux. Le voilement des fillettes ne devrait pas être considéré comme une forme de maltraitance, mais comme un simple « vécu ».
La « diversité » dans les écoles
Si l’on va au-delà des signes religieux, est-il vrai que nos enfants ne seraient pas en contact avec la « diversité » dans les écoles? Il ne faut pas avoir mis les pieds dans une école depuis plusieurs décennies pour imaginer que les bambins y sont tous blonds aux yeux bleus.
La figure 1 présente la proportion d’élèves issus de l’immigration dans les écoles publiques du Québec sur la période 1998-2025. Parmi les élèves issus de l’immigration, l’on compte les immigrants de première génération (nés à l’extérieur du Canada) et ceux de deuxième génération (nés au Québec mais avec au moins un parent né hors du Canada).
Figure 1. Proportion d’élèves issus de l’immigration (1ère et 2ème génération) dans les écoles publiques, ensemble du Québec (1998-2025)
La figure 1 montre que les élèves issus de l’immigration comptaient pour 35,4 % de l’effectif total en 2025, c’est-à-dire que plus d’un élève sur trois est issu de l’immigration. Leur proportion a été multipliée par un facteur 2,5 en 27 ans. De la figure 1, l’on peut conclure que « nos enfants » sont en contact avec la diversité, en moyenne au Québec, sur une base quotidienne.
La figure 2 présente les même données pour le Centre de services scolaires de Montréal.
Figure 2. Proportion d’élèves issus de l’immigration (1ère et 2ème génération) au Centre de services scolaires de Montréal (1998-2025)
La figure 2 montre que les élèves issus de l’immigration comptaient pour 73,7 % de l’effectif total en 2025, c’est-à-dire que presque trois élèves sur quatre sont issus de l’immigration. Leur proportion a été multipliée par un facteur 1,44 en 27 ans. A Montréal, « nos enfants » sont, depuis 2012 au moins, en minorité dans les écoles.
La figure 3 présente les même données pour le Centre de services scolaires des Découvreurs (à Québec).
Figure 2. Proportion d’élèves issus de l’immigration (1ère et 2ème génération) au Centre de services scolaires des Découvreurs (1998-2025)
La figure 3 montre que les élèves issus de l’immigration comptaient pour 43,1 % de l’effectif total en 2025. Leur proportion a été multipliée par un facteur 5,2 en 27 ans. Au train actuel, les élèves non issus de l’immigration seront minoritaires dans les classes dans 3,5 ans (au cours de 2028).
Conclusion
Les trois graphiques présentés ici sont représentatifs de la situation à la grandeur du Québec; partout, la proportion d’élèves issus de l’immigration dans les écoles est en augmentation rapide et constante. Au point où la minorisation des élèves non issus de l’immigration est chose faite dans les écoles partout dans la grande région de Montréal.
Elle est aussi en cours dans des villes comme Québec où, au train actuel, elle surviendra d’ici 2028 environ. A la grandeur du Québec, la minorisation surviendra d’ici 19 ans, soit en 2044. Après cette date, les Québécois non issus de l’immigration seront minoritaires dans les jeunes classes d’âge et le deviendront pour toutes les classes d’âge lorsque les plus vieux mourront.
Cette minorisation de « nos enfants » dans les écoles, pour parler comme Mme Chagnon, est sans précédent dans l’histoire du Québec.
Ces données posent des questions fondamentales.
Des questions comme celles-ci : Comment l’intégration à la majorité historique francophone peut-elle possiblement se faire si celle-ci n’est plus qu’une minorité dans le milieu d’intégration par excellence, soit l’école?
Pourquoi la question de l’école n’est-elle pas au cœur des discussions entourant la politique d’immigration (au lieu d’être un impensé)?
L’on constate que les seuils d’immigration sont nettement excessifs depuis très longtemps lorsque l’on les met en relation avec la capacité d’intégration dans les écoles. Cette capacité d’intégration devrait être déterminée en fonction de l’objectif de maintenir une majorité d’élèves non issus de l’immigration dans toutes les écoles.
Sinon, nous assisterons à la formation de ghettos, prélude à l’implosion du tissu social de notre société.
A l’émission « Tout peut arriver » à Radio-Canada, le 4 octobre 2025, Mme Rachel Chagnon, doyenne de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM, a donné son opinion sur les signes religieux et la laïcité dans les écoles, en affirmant que :
« Est-ce que c’est un vrai problème? Est-ce que l’on a des milliers de jeunes enfants dans les écoles en portant des signes religieux ostensibles? Est-ce que mettre nos enfants en contact avec la différence, est-ce si terrible que ça? Est-ce que c’est si épouvantable qu’un petit enfant Québécois soit confronté à la réalité d’un enfant qui a un autre vécu que le vécu catholique, est-ce que c’est si troublant et si épouvantable qu’on doive s’assurer que tous les enfants sont pareils, qu’ils sont tous dans le même moule et, pourquoi pas, tous blonds aux yeux bleus ».
Dans ce court paragraphe, elle coche à peu près toutes les cases visant à signaler sa vertu et son appartenance au « Camp du bien » : 1) trivialisation du problème (celui-ci ne devrait être considéré qu’à partir un certain seuil représentant des milliers de cas), 2) réduction du symbole misogyne que constitue le voilement à « un vécu », 3) assimilation de la laïcité à vouloir « rendre les enfants tous pareils » et, finalement, 4) point Godwin en assimilant la laïcité au nazisme, rien de moins.
Notons également que Mme Chagnon se livre à la « construction de l’autre », sans que cela ne lui soit reproché par l’animatrice, en affirmant qu’il y a dans les classes des « enfants Québécois » et « d’autres enfants ». Le fait d’appartenir au « Camp du bien » semble être un sauf conduit pour des affirmations qui seraient vertement reprochées à d’autres.
Les universités
Que Mme Chagnon se permette un tel discours, lunaire, en toute liberté sur les ondes publiques tient vraisemblablement au fait que Mme Chagnon ne voit pas le problème, c’est-à-dire que de tels discours semblent être normalisés dans son milieu.
Cela devrait nous amener à nous questionner sur ce qui se passe dans nos universités. Comment est-il possible qu’une professeure d’université, doyenne de surcroit, censée construire une opinion nuancée, équilibrée à force de travail et d’analyse des faits, puisse tenir un discours aussi simpliste et manichéen?
Lorsque l’on consulte le dossier académique de Mme Chagnon, on se demande également comment il est possible de devenir doyenne d’une importante faculté avec un dossier de recherche aussi mince. La publication de 5 articles en vingt ans est donc suffisant pour occuper le poste le plus prestigieux de la faculté? La publication d’articles dans des revues comme les « Nouveaux cahiers du socialisme » vous assure donc une sécurité d’emploi absolue, des invitations aux plateaux de Radio-Canada et un plantureux revenu qui dépasse les 160 000$/an au sommet de l’échelle salariale?
Le voilement, un vrai problème?
La première affirmation de Mme Chagnon est à l’effet que les signes religieux ostensibles ne seraient pas un « vrai problème », à moins, dit-elle, qu’il n’y ait des « milliers d’élèves » qui les portent.
Il n’existe pas, à ma connaissance, d’estimé officiel du nombre d’élèves portant des signes religieux dans nos écoles. Il faut remonter à 1995 pour trouver le dernier (et le seul) relevé. Dans un document publié par le Conseil du statut de la femme « Réflexion sur la question du port du voile à l’école », en mars 1995, l’on apprend que dans les écoles de la CECM, il y avait tout au plus 70 jeunes filles voilées en 1994 (p.29). A l’époque, il y avait très peu de musulmans en dehors de Montréal, ce qui signifie que le nombre total d’élèves portant le hijab au Québec était fort probablement de moins d’une centaine. Le problème a donc été jugé non urgent et on s’en est remis à l’idée que, « plutôt que la répression, la persuasion et l’affirmation claire des valeurs démocratiques soient à l’heure actuelle des façons plus prometteuses de combattre les intégrismes » (p.44).
Qu’en est-il aujourd’hui? En 2021, Statistique Canada comptait 423 640 musulmans au Québec, soit 5,1% de la population. Si l’on assume que la distribution de classe d’âge chez les musulmans est similaire à celle de l’ensemble des Québécois, il y avait donc 87 693 musulmans de moins de 20 ans au Québec. En assumant un taux de voilement de 48% chez les musulmanes (Environics), cela donne 21 046 musulmanes de moins de 20 ans voilées au Québec.
J’ai questionné des professeurs qui enseignent dans la région de Montréal. Ceux-ci me disent qu’en moyenne, il y a souvent entre 1 et 3 filles voilées dans leurs classes. Sur 240 000 élèves inscrits au secondaire en 2024, il y aurait donc entre 6 720 et 20 160 jeunes filles voilées, dans la grande région de Montréal seulement. Pour le Québec au complet, il faut potentiellement doubler ces chiffres.
Même en assumant que le taux de voilement ou la présence de musulmans serait inférieur hors de Montréal, on peut penser qu’il y a certainement, au bas mot, 10 000 jeunes filles voilées dans les écoles à la grandeur du Québec.
Cela est un estimé conservateur quand on songe au fait que la population du Québec a augmenté de presque 700 000 personnes depuis le recensement de 2021.
Depuis 1994, le taux de croissance du voilement dans les écoles est donc approximativement de 14 185 % alors que la population musulmane a été multipliée par presque dix (840 %). La croissance du voilement dépasse de loin la croissance de la population musulmane.
Il appert donc que la stratégie choisie jadis par le Conseil du statut de la femme, soit de laisser les « valeurs démocratiques » éroder naturellement l’intégrisme islamique, soit un échec retentissant.
Néanmoins, force est de constater qu’il y a plus de « quelques milliers » d’élèves qui portent le voile, un signe religieux visant à simultanément effacer les femmes de l’espace public et à les marquer comme appartenant à « l’oumma ».
Pouvons-nous donc considérer qu’il s’agit là d’un « vrai problème »?