Jean-François Lisée, avec son talent habituel, vient d’écrire un texte à mon avis fondamental, qu’il faut lire absolument (Identité anti-québécoise).
Il y aborde de front trois sujets fondamentaux : 1) la mise en minorité des élèves québécois (s’identifiant comme tels) dans les écoles de la grande région de Montréal 2) le mépris vertigineux véhiculé contre le Québec, le français et la culture québécoise par des (des!) élèves de la « diversité » dans des écoles 3) la mise en place de l’anglais comme langue commune dans nombre d’écoles « françaises ».
J’avais abordé la question de la mise en minorité des élèves qui ne sont PAS d’origine immigrante dans les écoles du Québec dans un texte en décembre dernier (Après le logement, l’école). Les chiffres donnent le vertige et reflètent une chose : les seuils d’immigration sont excessifs, très excessifs et depuis fort longtemps. Excessifs au point où l’intégration, la « francisation » est devenue une fiction consolatrice. Une fiction qui nous empêche de remettre en question de façon claire les seuils d’immigration. Seuils qui sont en train de conduire à un effacement du Québec français dans nombre d’écoles.
Les données sont parcellaires et incomplètes, mais les anecdotes sont trop nombreuses et viennent de trop de directions différentes pour ne pas refléter une lame de fond. Une lame de fond qui remet tout en question; l’ensemble de nos présupposés sur l’intégration des immigrants, l’ensemble de notre politique linguistique et politique d’immigration. Ça fait beaucoup.
On peut affirmer, encore, que la loi 101 est un échec spectaculaire. Non seulement elle ne fait que garantir au français un statut de langue seconde (l’anglais prenant maintenant la première place même dans les écoles), mais elle ne conduit pas non plus, nécessairement, à l’intégration culturelle.
Les concepteurs de la Charte de la langue française pensaient que la fréquentation des écoles françaises au primaire et au secondaire suffirait pour transformer les immigrants en Québécois, pour les « québéquiser ». Le postulat implicite, ici, était que les Québécois « de souche » constitueraient la majorité des élèves, la norme d’intégration. La loi 101 n’a jamais été pensée pour être effective dans un contexte où la majorité d’intégration n’existe plus et où les élèves non immigrants disparaissent des classes. Comment l’intégration peut-elle se faire dans ces conditions? Nous avons maintenant la réponse : elle devient tout simplement impossible.
Le Québec doit déclarer l’équivalent de « l’état d’urgence » linguistique et démographique. Il faut tout remettre en question et refondre nos politiques. Sans quoi ce sera, à brève échéance, la Louisianisation. Nous y sommes d’ailleurs déjà.