De la pénurie de professeurs et des seuils d’immigration

Le ministère de l’éducation s’est livré récemment à un exercice quantitatif de prévision de la main-d’œuvre dans le réseau de l’éducation publique. On apprend premièrement (avec stupeur) qu’il s’agit du premier exercice du genre en 20 ans. Est-ce à dire que le réseau a navigué radar fermé, au gré du vent, pendant tout ce temps? On peut le penser. Le résultat, du moins la partie publique, de l’exercice de prévision de nombre de professeurs requis pour la période 2025-2026 se trouve ici.

Le premier facteur responsable de la pénurie annoncée de 14 230 professeurs pour les 4 prochaines années serait les départs à la retraite (voir p. 17), suivi, en deuxième position, de la « hausse des effectifs scolaires », hausse due presque entièrement à l’immigration.

Ce qui attire mon attention dans cet exercice de prévision est la forme de la courbe de la hausse des effectifs scolaires (voir figure 1). Hausse de 971 860 élèves à 984 838 élèves de 2021 à 2023 (soit 12 978 élèves en deux ans) et après, effectif quasi constant sur toute la période 2023-2036 (pendant 13 ans), oscillant entre 986 022 et 982 686.

Figure 1

J’ai obtenu les données d’effectifs des écoles publiques du ministère de l’éducation pour la période 2017-2021 (voir figure 2). On peut constater, à la figure 2, que l’effectif est passé de 939 144 en 2017 à 1 004 777 en 2021, soit une croissance de 65 633 élèves en 5 ans seulement.

Figure 2

On constate, en comparant les figures 1 et 2, que l’effectif réel en 2021 (1 004 777) est supérieur à celui indiqué sur les projections pour 2023 (984 838). Il y aurait donc une baisse des effectifs de 19 939 en deux ans, alors que celui-ci monte de 13 126 par année sur toute la période précédente.

Encore plus troublant, l’effectif serait stable sur la période 2023-2036 (voir figure 3), ce qui est en rupture totale avec les tendances récentes. Il demeurerait stable malgré la hausse vertigineuse de l’immigration temporaire (il y a au-dessus de 350 000 immigrants temporaires au Québec), malgré la hausse annoncée des seuils d’immigration permanente (la CAQ désire passer de 50 000 à quelque 80 000/an), sans mentionner les demandeurs d’asile.

Figure 3

A mon avis, ces projections démographiques ne valent pas grand-chose et sous estiment grandement la hausse à venir des effectifs scolaires, hausse propulsée par une immigration massive.

Il y a fort à parier que l’immigration soit un facteur important, peut-être même le facteur numéro un, responsable de la pénurie future de professeurs dans le système d’éducation publique québécois.

Une réflexion sur “De la pénurie de professeurs et des seuils d’immigration

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