« La maison de mon père » est le deuxième livre d’Akos Verboczy, auteur qui s’était déjà distingué avec « Rhapsodie québécoise » en 2016, livre dans lequel il racontait, avec humour, subtilité et intelligence, son parcours d’immigrant Hongrois en terre québécoise, son parcours « d’enfant de la loi 101 ». Il nous revient aujourd’hui avec non pas un essai mais un roman qui constitue le pendant de son premier livre.
La première scène s’ouvre avec le retour au pays du fils pour les funérailles du père, où, en guise d’enterrement, les cendres du père sont simplement chargées dans un canon qui les disperse sur une pelouse au son de « l’Hiver » de Vivaldi. On ne pourrait illustrer plus brutalement le bris avec les traditions et le refus de la transmission, cette dispersion des cendres empêchant le fils de se recueillir sur la tombe de son père pour faire la paix avec son passé. L’auteur erre donc, tel une sorte de juif errant, à la recherche de la « maison de son père ». Un thème fort qui interpelle tous ceux, et ils sont nombreux, à être marqués du sceau de l’absence de la figure du père.
D’un roman qui commence comme un « Bildungsroman » divertissant et assez comique, l’auteur nous entraîne progressivement, sans qu’on s’en aperçoive vraiment, dans les profondeurs d’une histoire familiale tourmentée. Cette histoire familiale somme toute à la fois banale (un père alcoolique et absent, une mère monoparentale qui en arrache) et extraordinaire (la deuxième guerre mondiale, les grands-parents qui fuient l’armée russe, le judaïsme caché et souterrain pour survivre) est sublimée, rehaussée par une foule de détails, de détours, d’observations et une grande subtilité psychologique. Par exemple, au détour d’une page, une fine allusion à « Die Welt von gestern », « Le monde d’hier : souvenirs d’un européen », l’autobiographie et testament littéraire de Stefan Zweig (auteur autrichien qui a décrit avec nostalgie la destruction de l’Europe de la culture durant la deuxième guerre mondiale). Le talent de l’auteur permet ici au particulier de toucher à l’universel.
La finesse. C’est bien le qualificatif qui me vient en tête à la lecture de la prose de M.Verboczy. La finesse de l’écriture d’un. L’écriture est souple, fine, et le propos, sérieux, dramatique et même parfois grinçant est porté par un humour qui allège sans trahir. La finesse d’approche de deux, le roman étant construit par petites touches pour nous entrainer là où on ne s’y attend pas.
Il s’agit d’un livre sur l’exil et sur ses conséquences. Mais de ses conséquences d’abord et avant tout sur « ceux qui restent ».
A lire!

https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/maison-mon-pere-3973.html