En France, un sondage conduit par l’IFOP le 18 novembre dernier « État des lieux du rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France » a provoqué un véritable séisme intellectuel et politique. Et avec raison, car il met en lumière, crûment, la radicalisation croissante d’une part importante des populations musulmanes immigrées dans les dernières décennies en Occident. Voici un échantillon des conclusions de cette étude :
- Croissance très importante de la proportion de musulmans dans la population française (facteur de 14) : « La proportion de musulmans au sein de la population française adulte est passée de 0,5% en 1985 à 7% en 2025 ».
- Religiosité exacerbée : « Les musulmans affichent un degré de religiosité largement supérieur aux autres religions – 80% se déclarent « religieux » ».
- Augmentation de la fréquentation des mosquées : « Tout comme la fréquentation hebdomadaire de la mosquée qui est passée de 16% en 1989 à 35% en 2025, la pratique quotidienne de la prière a effectivement augmenté entre 1989 (41%) et 2025 (62%), atteignant elle aussi des sommets chez les jeunes de moins de 25 ans : 67% ».
- Augmentation du port du voile : « une musulmane sur deux âgée de 18 à 24 ans se voilent aujourd’hui (45%), soit trois fois plus qu’en 2003 (16%) ».
- Rejet de la science : « À rebours des tendances observées dans les autres religions, une forme d’« absolutisme religieux » transparaît dans un large rejet de la science : 65% des musulmans pensant que « c’est plutôt la religion qui a raison » par rapport à la science sur la question de la création du monde, soit plus de trois fois plus que dans les autres religions (19%) ».
- Désir d’appliquer la charia : « Autre signe d’une certaine vision intégraliste de la charia : près d’un musulman sur deux (46%) estime que la loi islamique doit être appliquée dans les pays où ils vivent, dont 15% « intégralement quel que soit le pays dans lequel on vit » ».
- Montée de l’intégrisme : « L’intégrisme a gagné les esprits de plus d’un musulman sur trois : 38% des musulmans approuvent tout ou partie des positions « islamistes » en 2025, soit une proportion deux fois plus élevée que ceux qui partageaient des positions « intégristes » il y a une trentaine d’années (19% en 1998) ».
- Séparation des sexes : « En rupture avec le libéralisme des mœurs dominant en Occident, l’application d’un séparatisme de genre est quant à elle loin d’être marginale : 43% des musulmans refusent au moins une forme de contact physique ou visuel avec l’autre sexe dont un sur trois (33%) refuse de faire la bise, 20% refusent d’aller dans une piscine mixte, 14% de serrer la main à une personne de l’autre sexe, et 6% de se faire soigner par un médecin de l’autre sexe. Or, la force de ce rejet de la mixité chez les jeunes laisse augurer une rigidification des rapports de genre au fil du renouvellement des générations. »
Le portrait terrible qui se dégage de ce sondage est que la thèse voulant que les intégristes constitueraient seulement une « infime minorité » des musulmans est erronée; au contraire, ceux-ci représentent entre 38% et 65% des musulmans français, dépendant du marqueur utilisé (intégrisme au sens littéral, désir d’appliquer la charia ou rejet de la science, par exemple). La radicalisation est également en montée chez les jeunes générations, signe que la « réislamisation » pratiquée par les Frères musulmans fonctionne à plein régime et donne des résultats.
Une des trouvailles de cette étude (merci à Florence Bergeaud-Blackler de la pointer du doigt) devrait éclairer le débat public québécois sur la laïcité, relancé à la suite de l’annonce du dépôt prochain d’une nouvelle mouture de la Loi sur la laïcité par le ministre Jean-François Roberge.
Il s’agit, évidemment, de la question du voile, dont la signification est très souvent ignorée ou banalisée au Québec.
Le voilement est une norme qui vise d’abord et avant tout, en Occident, à empêcher l’intégration des musulmanes dans la société en les marquant d’un signe et symbole qui domine l’espace visuel. C’est une façon, pour l’islamisme, de marquer le corps des femmes comme appartenant à l’oumma (les « croyants »). La ségrégation sexuelle est un des piliers de l’islamisme. La hausse du port du voile est ainsi directement corrélée à la montée en puissance de celui-ci.
La figure 1, tirée de l’enquête de l’IFOP, présente les caractéristiques des musulmans et musulmanes présentant des degrés divers d’intégrisme en lien avec la ségrégation sexuelle.
Figure 1

La dernière ligne de la figure 1 nous indique que le port du voile est le principal prédicteur des comportements visant à marquer une ségrégation entre les sexes. Ainsi, 79 % des femmes voilées appliquent un interdit relevant de la morale islamiste (soins, bise, poignée de main, piscine mixte), contre 37% de celles qui le ne portent pas. Cette différence est énorme et structurante.
Les femmes voilées sont, très majoritairement, des islamistes. Elles le sont peu importe les raisons « personnelles » pour lesquelles elles affirment porter le voile; un symbole, un totem, un drapeau dépasse l’individu. L’islamisme instrumentalise l’individualisme occidental contre lui-même et fait la guerre à la mixité, pilier de la civilisation occidentale. Interdire le voile, marqueur de l’islamisme, va de soi.