Allocution pour le prix Rosaire-Morin

Chers amis,


Je suis heureux et honoré d’être avec vous ce soir.


Disons-le d’emblée, l’Action nationale est pour moi comme ma maison, mon foyer intellectuel. C’est au contact de cette revue et de ceux qui y écrivent que j’ai formé une bonne partie de ma pensée en ce qui concerne notre condition nationale. Ne doutez pas que cette revue ait un rayonnement international : Il y a 25 ans, exilé en Californie pour le travail, je lisais assidûment les Bulletins du lundi de Robert Laplante.


Je lis que le prix Rosaire Morin (que je n’ai pas connu) distingue « un militant ou une militante indépendantiste qui, par ses écrits et son action, a contribué de façon significative au développement de la conscience nationale ». Je ne connaissais pas M. Morin, et en lisant sa bio, je constate qu’il me reste de nombreuses croutes à manger pour espérer arriver à sa hauteur.
Mais je n’ai pas l’impression d’être plus méritant que d’autres, nombreux, qui portent notre conscience nationale à bout de bras. Je pense que les membres de la Ligue d’Action nationale se laissent peut-être berner par mon activisme forcené sur X, anciennement Twitter.


Blague à part, la motivation profonde qui m’habite, depuis très longtemps, est double : 1) être utile, contribuer et 2) dire la vérité telle que je la vois.


J’ai toujours en tête cette phrase de Fernand Dumont (un autre lecteur de l’Action Française, ancêtre de l’Action nationale), lue il y a fort longtemps : « j’aurais pu quitter ce modeste enclos, faire ma vie ailleurs, les offres n’ont pas manqué, mais j’ai choisi la solidarité avec les miens ».
Et aussi les mots de Charles Péguy, très souvent cités mais fort peu pratiqués : « Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit ».


Du reste, c’est peut-être surtout ma formation scientifique qui me campe dans cette attitude et non le simple courage moral : en sciences, expérimentales de surcroit, les données sont reines. C’est un tour d’esprit dont il est difficile de se départir. Le modèle (l’idéologie) doit s’ajuster à ce que disent les données. Et pas dans l’autre sens, comme on le voit si souvent, hélas, en sciences humaines, gangrénées qu’elles sont par le postmodernisme. C’est pourquoi, aussi, je pense que les chiffres sont un chemin vers la vérité et que « puissance et beauté des nombres feront se fendre les étoiles » comme le disait Richard Desjardins.


Je suis convaincu qu’ultimement, la vérité triomphe et qu’on est toujours en bonne compagnie avec elle, même si l’on est parfois un peu seul. Mais pas ce soir!