Depuis longtemps, le vote des anglophones et celui des immigrants est un déterminant majeur et incontournable des résultats électoraux au Québec. Selon Léger, les anglophones (langue maternelle) ont 5,5 fois moins de probabilité de voter Bloc comparativement à PLC tandis que les allophones (langue maternelle) ont une probabilité de 0% (!) de voter Bloc et votent encore plus massivement pour le PLC que les anglophones eux-mêmes. Ainsi, les allophones se comportent électoralement, au Québec, comme des « super-anglophones ».
On pourrait penser que cette orientation électorale des immigrants serait transitoire et disparaitrait avec l’apprentissage du français et la durée de séjour au Québec. Un sondage fait par Nanos, ne tenant pas compte de la langue mais seulement du statut migratoire, indique qu’un immigrant a une probabilité relative de voter Bloc, comparée aux natifs, de 0%, 26% et 10%, dépendant s’il est né à l’étranger, est né au Canada avec au moins un parent né à l’étranger et est né au Canada avec au moins un grand-parent né à l’étranger.
Dans ce sondage, la durée de séjour diminue la probabilité de voter Bloc, même si l’immigrant est né au Canada et a passé toute sa vie au Québec. En toute probabilité, il s’agit là d’un effet de sélection de l’immigration, ceux ayant un grand-parent né à l’étranger étant probablement d’origine italienne ou grecque et s’étant intégrés en bloc, avant la loi 101, à la communauté anglophone. Quoi qu’il en soit, même les immigrants les plus récents ont une orientation électorale qui est le quart seulement, environ, de celle des natifs francophones. Cela est une illustration que l’intégration culturelle (pas seulement linguistique) prend beaucoup, beaucoup de temps (au moins deux générations, sinon plus), si elle se réalise jamais…
C’est ici que le statut politique du Québec joue un rôle fondamental : les immigrants immigrent au Canada et non au Québec, ne l’oublient pas de sitôt, et s’intègrent assez peu finalement, politiquement, à l’identité « provinciale », subordonnée, québécoise.
Ce qui est intéressant également dans l’étude de Nanos, c’est le décalage entre les intentions de vote pour le PLC et pour le PCC des immigrants; alors que les natifs divisent leur vote presque également entre le PLC et le PCC (pour le Canada au complet), les immigrants « sur votent » systématiquement en faveur du PLC, par une marge de 3,3, 10,3 et 9,9 points, dépendant du statut des générations, respectivement.
A l’échelle du Canada, l’immigration avantage systématiquement le PLC et au Québec, cette distorsion électorale est particulièrement grave. Qui plus est, cette distorsion perdure dans le temps de manière remarquable. Cela a été compris depuis longtemps par les fédéralistes qui ont, depuis longtemps, instrumentalisé l’immigration contre le nationalisme Québécois (rappelons, par exemple, les naturalisations de masse d’immigrants juste avant le référendum de 1995).
Il semble donc que l’immigration massive bloque non seulement l’expression politique du nationalisme Québécois, mais qu’elle bloque également l’alternance politique, base de toute démocratie saine.
Avec l’immigration massive, le Canada s’installe de plus en plus dans un régime de parti unique.