De « maitres chez nous » à « minoritaires chez nous »!

Le 16 janvier dernier, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiait un bilan démographique du Québec. Mais après quelques minces articles de journaux, le sujet a été aussitôt évacué de l’actualité. Et pourtant, cette question est à mon avis la grande question de notre époque, celle qui charpente toutes les autres. Elle mérite qu’on y revienne encore et encore. Vous me pardonnerez donc de le faire.

« Croissance »

Selon l’ISQ, entre le 1er juillet 2023 et le 1 er juillet 2024, la majorité des régions du Québec ont « enregistré leurs plus fortes croissances démographiques, voire la plus forte depuis que les données sont disponibles ». Rien que ça.

Cette croissance de la population, précise l’ISQ, repose quasi totalement sur l’immigration.

La figure 1 présente les taux de croissance des diverses régions du Québec pour 2020-2024.

Figure 1

En 2023-2024, la population du Québec dans son ensemble a augmenté de 2,3%, tandis qu’elle augmentait de 4,2% à Montréal.

 « Croissance » ne rime pas toujours avec « bonne nouvelle »

Même si ces chiffres, pour un œil non averti, ont l’air faibles, ils ne le sont nullement. Des taux de croissance aussi élevés, loins d’être une bonne nouvelle, constituent plutôt, selon moi, une véritable catastrophe.

Un des problèmes est que le terme « croissance » en lui-même est mélioratif. La « croissance », dans notre monde, ce serait toujours positif. Or, la croissance démographique, à des taux aussi élevés, ne me semble avoir rien de positif. Une croissance anarchique, désordonnée, incontrôlée, comme celle que l’on vit, n’entraine rien de bon. Au contraire.

Mettons les choses en perspective : quel sera le temps requis pour doubler la population avec un tel taux de croissance de 2,3%? 35 ans! C’est-à-dire qu’en 2060, la population du Québec, actuellement de 9,06 millions, passerait à 18,1 millions de personnes si ce taux de croissance était maintenu sur la période 2025-2060.

Et à 4,2% de croissance? Le temps de doublement sera de 17 ans seulement! En 2042, la population de Montréal passerait ainsi de 2,2 millions à 4,4 millions de personnes. Quelle sera la qualité de vie dans un Montréal à 4,4 millions de personnes? Quand on constate à quel point la qualité de vie a baissé à Montréal dans les vingt-cinq dernières années (du point de vue coût de la vie, transport, etc.), poser cette question, c’est déjà un peu y répondre.

Une population qui augmente d’autant, en aussi peu de temps, cela signifie, bien sûr, la consommation de plus de ressources en tout genre alors que nous sommes déjà en pénurie d’électricité, de logements, de nourriture, de lits d’hôpitaux, de places dans les écoles, etc.

Sommes-nous même capables de nourrir autant de monde alors que l’autosuffisance alimentaire du Québec a chuté de 75 à 35% au cours de 50 dernières années? Cette hausse de la population ne risque-t-elle pas de provoquer une grave inflation alimentaire (oups celle-ci sévit déjà…)?

Alors que la politique d’immigration imposée par les gouvernements du Québec et du Canada a pour résultat d’augmenter massivement la population, il est remarquable de constater que rien n’a été prévu en termes de logement, en alimentation, en énergie, etc., pour faire face aux conséquences de ces hausses. Il y a une absence totale de réflexion et de planification autour de l’enjeu de l’immigration, outre la simple question des seuils. C’est une preuve, à mon avis, que la politique d’immigration actuelle est entièrement idéologique et ne sert pas d’autres fins qu’elle-même (ainsi que les fins de ceux qui en tirent profit).

Pas surprenant que le PIB par habitant soit quasi-constant au Canada au cours des 10 dernières années.

Conséquence sociales

Si aucune planification des effets de l’immigration n’est faite pour le présent, la chose est encore plus vraie pour l’avenir. Que signifie une telle croissance de la population, reposant exclusivement sur l’immigration, pour l’avenir du Québec? Sur cette question, le vide intersidéral règne partout au gouvernement du Québec.

Une conséquence prévisible pour l’avenir est que la proportion de la population « non immigrante », à Montréal, sera probablement divisée d’un facteur 2 en 17 ans seulement. Au lieu d’être simplement minoritaires à Montréal comme actuellement, les francophones d’ascendance canadienne-française deviendront rapidement résiduels.

Alors que l’on nous a répété pendant des décennies que l’immigration était nécessaire pour combler la faible natalité des natifs, ce que l’on constate aujourd’hui, et de façon fulgurante, c’est que le volume d’immigration est si élevé qu’il ne sert pas à stabiliser les effectifs de la population, il provoque plutôt une croissance de population quasi sans précédent dans l’histoire du Québec. Et cette croissance signifie une dilution de la population native.

Nous n’avons plus simplement affaire à une immigration de remplacement (pour remplacer le déficit des naissances), mais à une immigration tellement forte qu’elle est en train de mener à la minorisation des natifs, des « non-immigrants ». L’immigration n’est plus un enrichissement, terme qui laisse entendre qu’elle s’ajouterait à et bonifierait ce qui existe déjà, mais est en train de submerger ce qui existe déjà. A ces niveaux, on pourrait qualifier d’immigration de submersion ou de dilution.

Par exemple, en 2023, 35,2% des élèves dans les écoles publiques Québécoises étaient des immigrants de 1ere et 2ième génération. Quelle sera cette proportion en 2060? Facilement le double. Comment peut-on s’imaginer une seule seconde que la langue et la culture québécoise vont continuer d’exister et de se transmettre dans un contexte où les Québécois d’ascendance canadienne-française vont devenir résiduels au Québec en entier d’ici 35 ans?

Déjà, 37% des bébés nés au Québec en 2023 avaient au moins un parent né à l’extérieur du Canada (25% en avaient 2). Si la tendance se maintient, nous passerons la barre du 50% probablement d’ici environ une quinzaine d’années.

Si le Québec actuel connait de nombreux exemples d’intégration harmonieuse d’immigrants, il faut réaliser que cela reflète les conditions du passé, soit d’une époque où la proportion d’immigrants était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui. Le rapport de force démographique qui a justement permis cette intégration dans le passé  est en train de disparaitre. De sorte que les succès du passé sont de moins en moins probables à l’avenir. Simplement dit : trop d’immigration tue l’intégration.

Les signes de la non intégration d’une partie des immigrants présents chez nous se multiplient. Il y a, bien sûr, l’effacement graduel du français comme langue commune sur des parties de plus en plus grandes du territoire du Québec. Mais on voit aussi poindre un choc culturel dans nos écoles, lieu par excellence de l’intégration future (ou pas!).

Mentionnons les éléments suivants qui ont fait grand bruit au cours de la dernière année: 1) l’établissement de l’anglais comme langue commune dans plusieurs écoles du grand Montréal, 2) le mépris ouvert pour les « kebs », les Québécois d’ascendance canadienne-française dans les écoles, 3) des jeunes hockeyeurs « canadiens-français » qui se font traiter des « french frogs » par une équipe de Laval lors d’un match de hockey à Montréal, 4) la présence de plus en plus marquée et décomplexée d’un islam militant et obscurantiste dans de nombreuses écoles (Bedford, La Voie), 5) la hausse de l’homophobie dans des écoles « multiculturelles »,  etc.

On pourrait multiplier les anecdotes qui s’empilent, à vrai dire, à grande vitesse. Ces anecdotes, à mon avis, ne sont pas des épiphénomènes sans lien les uns avec les autres. Elles sont le symptôme d’un basculement culturel et démographique, directement relié au volume excessif d’immigrants que nous recevons depuis trop longtemps, basculement sur lequel notre élite ferme les yeux.

Le premier geste à poser pour éviter la minorisation qui nous pend maintenant au bout du nez est de décréter non pas une simple diminution des seuils, mais un moratoire complet sur l’immigration.

Il faut mettre à mort l’idéologie immigrationniste et la fascination pour la croissance débridée qui est en train de conduire à l’implosion de notre tissu social, de nos services sociaux et de notre avenir comme peuple.