De passage chez des amis en Gaspésie, l’on m’a parlé de « La petite école de la chanson », un programme parascolaire implanté dans de nombreuses écoles de la péninsule gaspésienne. Ce programme amène les élèves à s’approprier le répertoire d’un ou des artistes sélectionnés cette année-là dans le cadre du Festival en chanson de Petite-Vallée. Ainsi, chaque année depuis plus de 30 ans, environ 300 enfants s’approprient le répertoire chansonnier et musical d’un artiste québécois (ou de la francophonie) et participent à un spectacle choral de grande envergure présenté en ouverture du Festival. En 2024, par exemple, « l’artiste passeure » était Marie-Jo Thério et 24 écoles ont participé.
A ma courte honte, moi, qui m’intéresse à la chanson et à la transmission, j’ignorais totalement l’existence de ce programme. Comme le disent les fondatrices (Myriam Brousseau et Danielle Vaillancourt) dans un vidéo récapitulant l’histoire de la Petite école de la chanson « quand on a fait les premières années, c’était de faire chanter les enfants en français, parce qu’on savait qu’ils écoutaient beaucoup de musique en anglais, et on se demandait comment faire pour leur faire connaitre le répertoire des chanteurs d’ici, puis de leur faire garder? ».
L’évidence de ce concept d’école de la chanson m’a frappé comme la foudre : dans le contexte de désolation culturelle grandissante qui est le nôtre, d’américanisation de notre culture, du bris de la transmission, de l’intégration de plus en plus déficiente et impossible de masses d’immigrants dans nos écoles, dans un monde où les jeunes Québécois sont de plus en plus coupés de leur culture, où la majorité des enfants n’ont quasiment jamais entendu une chanson « traditionnelle », où l’affaissement culturel en cours se conjuge avec déclin de la langue, comment se fait-il que ce programme ne soit pas accessible partout?
Vivement des « Petites écoles de la chanson » dans toutes les écoles du Québec!