De quoi la hausse des frais de scolarité pour les canadiens non-résidents est-elle le nom?

La révision de la grille tarifaire universitaire annoncée par la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry le 13 octobre, doublant les frais pour les canadiens non-résidents qui viennent étudier en anglais au Québec, a fourni un prétexte au Canada anglais pour une virulente campagne -une autre- de francophobie visant le Québec.

On ne compte plus le nombre de textes nous accusant de « fermeture sur le monde », de « racisme », « d’intolérance », de « vandalisme », de « déclarer la guerre aux anglophones », de vouloir « tuer » McGill, d’encourager la « médiocrité », sans oublier, bien sûr, tous les « avertissements » à l’effet qu’une telle politique va entrainer un cataclysme économique, un effondrement intellectuel et, finalement, la ruine totale du Québec. The Gazette a même caricaturé la ministre (qui est de confession juive) en « louve des SS » ce qui constitue, à n’en pas douter, une attaque haineuse.

N’importe quel observateur avec un peu de recul ne peut qu’être étonné d’une réaction aussi acerbe, malveillante, calomnieuse, virulente, hystérique, envers ce qui constitue une mesure banale qui aurait dû être prise il y a longtemps. L’intention de la mesure est fort simple : que les contribuables québécois arrêtent de financer les études en anglais des canadiens hors Québec qui viennent profiter chez nous des frais de scolarité les plus bas au Canada. Les Québécois n’ont pas à payer les études universitaires des étudiants qui ne sont pas québécois. Actuellement, ces étudiants (provenant surtout de l’Ontario) nous coûtent la bagatelle de 200 millions par année! Le système universitaire anglophone du Québec, dans les faits, agit comme partie intégrante du système universitaire du Canada anglais. Financée par les francophones. Comme « diner de cons », on a rarement vu mieux (pour l’Ontario).

La politique de bas frais de scolarité visait, à l’origine, à favoriser la diplomation universitaire des francophones au Québec qui était, rappelons-le, la plus faible au pays au début de la Révolution tranquille. Si cette politique a effectivement permis une hausse importante de la diplomation, son application aux universités anglaises comme françaises a entrainé une hausse de la diplomation également chez les anglophones de sorte que l’écart de diplomation entre anglophones et francophones n’a jamais été fermé. Aujourd’hui, les francophones au Québec sont toujours 40% moins nombreux que les anglophones à détenir un diplôme universitaire.

Cette politique a aussi longtemps été appliquée aux anglophones peu importe leur provenance ce qui a conduit à un important effet pervers, les anglophones d’autres provinces venant au Québec profiter d’une éducation universitaire à prix cassés (et financée en grande partie par le Québec). Si les frais de scolarité ont été finalement rajustés à la hausse pour atteindre la « moyenne canadienne » en 1998, cette hausse n’a nullement stoppé le flux de canadiens non-résidents se dirigeant vers McGill, Concordia et Bishop’s, qui viennent aussi profiter, en plus de la manne de Québec, du relativement bas coût de la vie chez nous.

Il était plus que temps qu’une politique soit mise en place pour que les canadiens non-résidents viennent étudier chez nous à coût nul pour les contribuables québécois. Les 200 millions par année économisé pourra donc être investi pour tenter de fermer l’écart (enfin!) de diplomation des francophones.

Ceux qui s’opposent à cette mesure (et ils sont nombreux malheureusement dans les médias québécois), partiellement ou entièrement, avec des arguments sophistiqués ou non, nous enjoignent donc, tout simplement, à continuer à être les cons du grand diner universitaire canadien. Leur position est à mon avis indéfendable. Surtout alors que les provinces hors Québec (sauf le Nouveau-Brunswick) privent presque intégralement les minorités francophones d’une éducation supérieure en français.

Cette réaction du Canada anglais est à mon avis très révélatrice de la véritable nature de la relation Canada-Québec; une relation de domination, de contrôle et de mépris. La moindre mesure visant, comme ici, à nous sortir d’une posture de dominé, est combattue avec la dernière des énergies par le Canada anglais (et par une cinquième colonne chez nous), qui panique à l’idée de perdre le contrôle du Québec. Il ne faudrait surtout pas que nous prenions goût à la liberté.

De plus, il faut prendre conscience que le Canada anglais considère McGill, Condordia et Bishop’s comme SES universités, comme partie intégrante du système d’éducation canadien de langue anglaise. Le mythe de la « minorité anglophone », mythe qui a seulement été créé afin de nous berner avec une Loi sur les langues officielles instituant une « minorité anglophone » au Québec mise sur un pied d’égalité aux « minorités francophones » dans les autres provinces, vole en éclats.

Les anglophones du Québec se considèrent comme « minorité » seulement lorsque vient de temps d’adopter une posture victimaire. Sinon, comme les évènements actuels le démontrent fort bien, ils sont partie intégrante de la majorité anglophone qui contrôle le Canada.